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ces signes monétaires ne larda pas à se manifester, et nos neveux
auront peine à croire qu’en 1795 les assignats, — dont le nombre
dépassait de plus de trois milliards la valeur des biens nationaux,
— étaient arrivés à un tel degré de décadence, qu’un œuf se
vendait 25 francs en papier ou un sou en numéraire, et qu’un
pain de deux livres, pendant la disette qui suivit la funeste moisson
de 1794, se paya jusqu’à trois mille francs en papier, ou trois
francs en argent. Quoi qu’il en soit, la création de ce papier-
monnaie fut un levier puissant et terrible pour la Révoiulion ; et,
tout en déplorant les désastres généraux, les ruines privées, les
fatales suites enfin d’une dépréciation inouïe dans les fastes
financiers d’un peuple, il est juste de reconnaître et de déclarer
que LES ASSIGN.iI.TS ONT SAUVÉ LA FRANCE.
Un crime inconnu des anciens, la fabrication frauduleuse de
la monnaie, est une des plaies les plus profondes.et les plus
affreuses des sociétés modernes. Quelquefois les ri\ alités na-
tionales, le fanatisme des jiartis, plus communément encore l’a-
varice, l’oisiveté, l’àpre désir de devenir riche en s’épargnant la
peine de travailler et de se livrer à une honnête et paisible in-
dustrie, font naître le faux-monnayage, le crime le plus détes-
table et le plus abominable, à nos yeux, ([ue les hommes puissent
punir après le parricide. Le faux-monnayeur doit payer de sa
tête sa révolte armée contre la société, et nous regrettons (jue
des législateurs, fort peu philosophes et cachant la pauvreté de
leurs vues sous le manteau de la philantropie, aient affaibli,
tronqué, et même tout à fait changé les dispositions rigoureuses
de notre Code pénal. Oui, le faux-monnayeur est plus coupable
aux yeux de la religion, de la philosophie, de la morale et même
du bon sens le plus vulgaire que les meurtriers, les empoisonneurs
et les incendiaires. Son horrible industrie tue ou plutôt dé-
vore le pain du pauvre; il empoisonne la sécurité de la famille,
il incendie la confiance et livre au supplice d’Ugolin ces nobles
ouvriers, ces braves artisans qui, en échange de leurs sueur s,
et de leurs travaux de Sisyphe, sont exposés à recevoir un salaire