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trop louer, le gouvernement n’a point envoyé à l’Exposition de
Londres les produits des grandes fabriques d’armes et des fonde-
ries de canons appartenant à l’État. Ces établissements doivent
être, en dehors des triomphes de l’amour-propre, au-dessus des
palmes de la concurrence : leur mission est sainte et n’a rien d’in-
dustriel , car ils ne travaillent que pour l’indépendance et la gloire
de la patrie. ^
De la fabrication des armes à l’accomplissement et à l’affermis-
sement d’une conquête, il n’y a que la longueur d’un drapeau.
Il ne sera, par conséquent, pas hors de propos de parler ici de la
partie de l’Exposition consacrée à l’Algérie, qui est maintenant,
il faut l’espérer, une terre française.
L’exposition de l’Algérie ne dénote certes pas une agriculture
et une industrie développées, mais elle donne, — et c’est beau-
coup pour l’observateur qui pense et qui prévoit, — elle donne
un échantillon de ce qu’elle produit aujourd’hui, et montre ce
qu’elle pourrait produire, si des capitaux importants allaient la
féconder, si des hommes intelligents se vouaient à l’œuvre de co-
lonisation à laquelle elle nous convie. Voyez! Elle produit des
cotons plus beaux, de l’aveu des Anglais eux-mêmes, que ceux
que ces derniers tirent de leurs colonies ; des céréales de meil-
leures qualités que celles de France. Sa richesse minéralogique
est infinie; ses soies sont dignes d’alimenter nos fabriques de
Lyon; ses tabacs, sa cochenille, son quinquina qu’on acclimate
en ce moment, ses produits coloniaux, nous dispenseront d’aller
les chercher sur les marchés anglais de l’Asie et de l’Afrique. Ses
forêts, enfin, sont inépuisables, et elle possède des chênes-lièges
de la plus grande beauté.
Les Anglais sont émerveillés de tant de richesses Hélas !
pourvu qu’en montrant à nos astucieux rivaux les charmes les
plus secrets de notre colonie vierge encore, nous ne finissions pas
par subir le sort de ce roi de Lydie qui perdit son honneur, sa
couronne et sa vie pour avoir indiscrètement initié les regards de son
favori, Gygès, aux beautés les plus secrètes de la reine son épouse.