Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.

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sourds-muets de leur pays ! Je leur ai offert et je leur offre encore mes services, mais toujours à condition qu’elles n’oublieront pas que je n’en attends et que je n’en recevrai aucune récompense, de quelque nature qu’elle pût être. » « Pendant son séjour à Paris, l’empereur Joseph II assista aux leçons de l’abbé de l’Épée. Frappé d’admiration, il lui offrit une abbaye dans ses États. « Je suis déjà vieux, répondit de l’Épée; si Votre Majesté veut du bien aux sourds-muets, ce n’est pas sui’ ma tête, déjà courbée vers la tombe, qu’il faut le placer : c’est sur l’œuvre même. » L’empereur saisit la pensée de l’abbé de l’Epée : il lui envoya l’abbé Storck, qui, après avoir recueilli ses leçons, retourna dans sa patrie pour fonder l’institution des Sourds-Muets de Vienne. <r En 1780, l’ambassadeur de Russie étant venu féliciter l’abbé de l’Épée de la part de l’impératrice Catherine II, et lui offrir de riches présents : « Monsieur l’ambassadeur, répondit l’abbé, dites à Sa Majesté que je ne lui demande, pour toute faveur, que de m’envoyer un sourd-muet que j’instruirai. « Trente sourds-muets étaient instruits gratuitement par l’abbé de l’Épée, à la fois l’instituteur et le père de ses élèves. C’était lui qui pourvoyait à tous leurs besoins; il vêtait les uns, et payait pour les autres des pensions, des maîtres, des apprentissages. Sa sollicitude les suivait dans tous les quartiers de la capitale; il continuait d’être leur patron après avoir cessé d’être leur institu- teur. Jouissant d’un revenu de douze mille livres, il s’imposait des privations pour en épargner à ses enfants adoptifs. Pendant le rigoureux hiver de 1788, ce vieillard vénérable restait sans feu pour ne pas augmenter sa dépense personnelle. Ses élèves le forcèrent à s’acheter du hois. Souvent il leur disait : « Mes amis, je vous ai fait tort de cent écus. » « L’abbé de l’Épée mourut à l’àge de soixante-dix-sept ans, en 1789, le 23 décembre, jour anniversaire de la naissance de Monthyon! Son oraison funèbre fut prononcée, le 23 février 1790, par l’abbé Fauchet, prédicateur ordinaire du roi, en présence