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i,\ PEINTURE.
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inaiiilient sur ses genoux. Or, tous ces animaux ont des figures
d’hommes, et, en examinant de près le fini et la délicatesse du tra-
vail, il est facile de se convaincre que les différents visages sont
des portraits fort ressemblants.
La Pénélope et Y Hélène, de Zeuxis ; la Vénus Anadyomède,
d’Apelle; V Valise, de Protogene, tableau qui sauva Rhodes de la
colère de Démétrius^; le Sacrifice d'Iphigénie, de Timanthe;
la Bataille de Pliléonte et VUlysse en mer, par Aristide;
Y Apollon berger, par Philoxène, jouissaient dans l’anliquilé
d’une renommée universelle. Horace a rendu hommage au génie
pictural des Grecs en disant dans son ode vin ;
Divite me scilicet artium
/ Quos aut Parrhaslus aut Scopas...
« Pourquoi suis-je trop pauvre pour ne point posséder dans
mou cabinet les chefs-d’œuvre de Parrhasius et de Scopas! »
Et Pline a écrit (juclque iiart : Pictor que rei communis ter-
rarum erat. « Un peinti'o appartient à l’univers entier. »
Quoi qu’il en soit, les Romains regardaient la peinture moins
comme un art que comme uni' de ces proh'ssions manuelles in-
dignes d’un citoyen. Cet art ne fut par conséquent l’objel d’aucune
culture suivie de la part de ces républicains, (pii plaçaient l’ai t de
la guerre et l’art de la parole, le Ca|)itoh‘ et le Forum, bien au-
dessus du Parnasse et de l’Hélicon des Grecs. A la vérité, un
certain Fabius Pictor exécuta, vers l’an 450 de Rome, quelques
peintures dans le temple de la déesse Salas, et les Romains en
tiraient une espèce d’orgueil; mais à cette (époque même Apelle
et Protogène avaient produit leurs chefs-d’œuvre, et la seule ville
‘ Ami d’Apelle et d’Aristote, Protogène éodt né à Canne, dans l’ile de Rhodes.
Le talent de ce grand artiste était si généralement e.onnn, que Démétrius Polior-
cète (le preneur de villes), assiégeant Rhodes, aima mieux renoncer à prendre
cette place, que de courir le risque de détruin* les tableaux de Protogène. Üémé-
trius ayant appris, en se retirant, que le grand peintre travaillait dans une maison
à quelques lieues de Rhodes, l’alla voir, et lui demanda s’il se croyait en sûreté
au milieu des ennemis. « Oui, seigneur, répartit l’artiste , car je sais qu’un grand
prince tel que Démétrius ne fait point la guerre aux arts. «