Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.

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jours à la grandeur des nioyens. Une mêlée confuse de (|uel(iues centaines de galères suffît pour fixer, à la journée d’Actiuin, les destins de tout un monde; et, depuis trois siècles, les combats de mer, — en y comprenant même La Bogue, Aboukir, Trafalgar et Navarin, — n’ont été que des guet-apens maritimes, où la har- diesse, le nombre et le hasard du vent ont mis en défaut les dispo - sitions les plus savantes, les courages les plus intrépides et les causes les plus saintes. L’art de naviguer a rendu toutes les sciences, tous les arts, tous les métiers ses tributaires. Depuis l’artisan qui tord les câbles et qui prépare le goudron, jusqu’à l’artiste qui combine la puis- sance d’un télescope, jusqu’au savant qui résume pour elle les ti’avaux d’Hipparqiie, d’Archimède.et de Newton, elle occupe, elle absorbe, elle commande à autant d’intelligences que de bras. La pratique même de la navigation marchande ou militaire im- plique un fonds de connaissances variées, profondes, étendues, et l’homme de mer est tout à la fois guerrier, diplomate, marchand, négociateur, philosophe, astronome, géomètre, moraliste, théo- logien et romancier, quand il veut s’en donner la peine. Ce pan- théisme est dû d’abord aux fortes études de ceux qui se destinent sérieusement à l’art de la navigation, et ensuite aux méditations incessantes de la mer. « Quand vous vous trouverez au milieu de l’immense Océan, écrivait le grand saint Bernard au comte de Flandre qui partait pour la croisade, quand vous vous trouverez à la merci des tlots, n’ayant qu’une planche sous vos ])ieds ])our \oiis sé[)arer de la mort, et ({u’une armée céleste, au-dessus de A otre tète, qui se meut au souffle de Dieu, a ous réfléchirez à la faiblesse, à la petitesse, à la fragilité de votre nature ; vous ren- trerez en vous-méme, vous vous replierez sur votre âme immor- telle, et vous apprendrez dans ces heures solennelles, dont les vents déchaînés sont les horloges infatigables, ce que c’est que la sagesse, ce que c’est que la science, ce que c’est surtout que ta puissance infinie et sans bornes du Très-Haut : Cœli enarrant gloriam Dei. »