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r.ES LETTRES Ai.RUABÉTIQUES. ^iü3
usage, parce que chacun d’eux exprime, selon le génie de sa
langue, les différentes idées dont il a les symboles sons les
yeux.
Nous en sommes, bien fâchés pour les partisans du cosmopo-
lisme, pour ces docteurs vains’et superficiels qui veulent détruire
la vénérable idole de la patrie pour mettre à sa place je ne sais
quel fétiche de tendresse et d’affection universelle; mais les
hommes ne pourraient pas, même en y mettant beaucoup de bonne
volonté, parler la même langue : la disposition anatomique et
physiologique de chaque peuple, le climat, les sites, les vents,
tout s’y oppose. Et quand la pensée humaine ne revêt pas la
même forme, ne brille point dans la même euphonie, n’éclate,
ne soujiire. ou ne souffre pas dans les mêmes syllabes, cette
communauté de sensations, d’intérêt, de plaisir, de gloire peut'
être, mais à coup sûr de démoralisation, qu’on appelle le cosmo-
polisme, n’existe plus et no doit plus exister. Le cosmoj)olisme
de ces novateurs ne peut vivre (|ue dans leur imagination ou
dans les livres, — hélas ! trop lus par les simples, — des émules
et des continuateurs de Cyrano de Bergerac.
Les Grecs, — car l’antiquité i)Our nous se borne à (luelques
milliers d’années, et les Hébreux et les Grecs sont les régnlateurs
de nos conjectures en histoire, en philosophie et en chronologie, —
tirèrent leurs caractères des lettres phéniciennes ou hébraïques.
Scaliger, Waltorn, Bûchait, l’ont prouvé avec quelque ajipa-
rence de raison. Les lettres latines, celles dont nous nous servons
encore aujourd’hui, étaient employées plusieurs siècles avant le
roi Numa dans les pays qui avoisinaient Borne naissante; enfin
les caractères allemands, hongrois, magyares, polonais, moldaves
et valaques, que l’on voit encore en usage aujourd’hui, sont les
derniers débris de ces civilisations inconnues que l’irruption des
barbares étouffa sur les divers points de l’Europe, de l’Asie et
de l’Afrique. Au surplus, des livres spéciaux et pleins d’un
intérêt puissant ont été écrits sur l’histoire des lettres et la géné-
ration des alphabets qui ont eu cours ou (jui sont encore en usage.