Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.

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Louis XII, le père du peuple, avait raison : l’invention de l’imprimerie est plus divine qu’humaine. Les statues des poètes, des héros et des rois tomberont au souffle de la colère de Dieu ou de la colère du peuple; les palais s’engloutiront ; les toiles vivantes des grands peintres se dessécheront au hâle des ans : il ne nous reste plus rien de Phidias, d’Aristide ni' d’Apelles; et avant six cents ans, peut-être, les œuvres divines de Raphaël, de Michel-Ange, de Carrache et du Poussin seront perdues saris retour : l’iinpiimerie seule aura le sublime privilège de faire revivre les gTands écrivains et les gr’ands événements; et toujours jeune, toujours utile, toujours brave, tantôt bouclier, tantôt glaive, tantôt pavois, elle périra avec le monde et s’éteindra avec le soleil. On a disputé à Gutenberg l’invention de l’imprimerie comme on a disputé à Christophe Colomb la découverte des Indes. L’envie a salué sa gloire avec les clameurs de la calomnie; mais la •postérité toujours équitable a vengé le bourgeois de Mayence des .ittaques insensées des Zoïles contemporains de ses travaux : .Jean Gutenberg, Jean Faust et Pierre Schœffer sont les seuls inven- teurs de l’imprimerie. La savante ville de Mayence a élevé, il y a quelques années, une statue à l’homme illustre qu’elle a vu naître. Mais poui'quoi Mayence n’a-t-elle pas réuni sur le même piédestal Gutenberg , Faust et Schœffer? Poui’quoi priver des honneur's de l’apothéose deux hommes qui ont partagé les durs travaux, les inflexibles efforts de Gutenberg? Qui a part à la bataille, ne doit-il pas avoir part à la victoire ? Peut-être les Mayençais ont-ils pensé qire le nom de Gutenberg était un mythe, et qu’il réunissait à lui seul les noms de ceux qui ont inventé l’art d’éterniser le langage et d’immortaliser la pensée. Aujourd’hui, l’art typographique paraît être arrivé à son apogée ; les .éditions de luxe, sorties des presses de nos imprimeries mo- dernes, pourront témoigner pendant longtemps de la perfection des caractères et du bon goût de nos ouvriers typographes. Il