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Après les tentatives des sages viennent les rodomontades des fous et
les imprudences, et dans cette dernière catégorie il faut ranger ce
Testii Brissy, qui resta pendant toute une nuit d’orage dans son
ballon ; ce Larvaguy qui s’enleva avec un ours dans les environs
de Cadix et qui fut dévoré par son terrible compagnon ; ce Galle,
qui tout récemment trouva la mort à Bordeaux, et qui semblait la
chercber avec une ardeur qu’on pourrait appeler un cynisme
d’intrépidité. Nous n’aurons pas l’injustice de mettre au nombre
de ces chevaliers errants de l’aérostation, ni ce bon et modeste
Blanchard ^ qui, le premier, franchit la mer en ballon, ni le jeune
et savant Pitatre de Rozier, dont l’aérostat prit feu et (pii périt
sur les falaises, au bord meme de l’Océan.
La descente des aérostats a été, depuis 1783 jusqu’à nos jours,
l’objet d’ovations plus ou moins méritées. Plusieurs aéronautes ont,
à la vérité, été accueillis çà et là dans les campagnes par ipielques
coups de fusils hostiles à la science et au progrès ; mais en général
nos paysans d’aujourd’hui n’ont plus rien de barbare (pie la
ligure, et ils reçoivent fort gracieusement les visites qui leur
viennent d’en haut. Il y a d’ailleurs dans l’homme, citadin ou
villageois, un sentiment qui le porte à admirer ce qui arrive de
loin ; c’est une attraction dont on ne peut se rendre compte et à
laquelle on obéit instinctivement. Or, qui peut susciter jiliis
d’intérêt, qui lient faire naître plus de curiosité qu’un voyageur
qui vient de passer à quatre mille toises au-dessus du clocher de
votre village, et qui a parcouru en quelques heures une dislance
qu’on ne pourrait franchir en plusieurs semaines avec les jambes
dont le Créateur a gratifié l’espèce humaine?
Nous allons emprunter au livre très-substanliel et très-inté-
ressant qu’un de nos jeunes savants, M. Julien Turgan, a publié
‘ Blanchard périt le 1 i juin de la même année : par une imprudence condam-
nable, il avait réuni les deux méthodes. Son ballon, rempli d’hydrogène, était au-
dessus d’une montgolfière enllée par les procédés que nous avons décrits plus
haut. Le feu prit à la montgolfière et le communiipia au ballon. L’infortuné mourut
ainsi au milieu des flammes, dans cet espace dont il était l’un des premiers con-
quérants.