Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.

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ff Ouvrez, ouvrez vite, il y va de la vie de noire malade. » Le charron nous reçoit, les yeux à demi-ouverts, en bâillant et en se détirant les bras. Jean-Joseph saisit un morceau de craie dans un coin de la boutique, et le voilà qui trace sur la muraille des barres dans tous les sens, et puis des carrés et des ronds. Si sa craie mar- chait, sa langue ne restait pas fainéante. Il parlait, parlait, misé- ricorde ! c’est la première fois et ça a été la seule où j’aie entendu sortir de sa bouche un tel flux de paroles. Nous autres Lorrains, l’éloquence n’est pas notre vice; nous nous tenons assez la bouche cousue. De la main qui lui restait libre, il empoignait au bras, aux boutons de la veste, le charron qui s’éveillait davantage, et qui commençait à le regarder en dessous d’un air de compassion, et en même temps de l’air d’un homme qui n’est pas tout à fait rassuré. « Vous comprenez, disait ou plutôt criait à tue-tête Jean-Joseph, car il s’échauffait en diable, vous comprenez, mon levier prend ici et vient aboutir là. Suivez-moi bien, mon cher, voici ma double chaîne. Attention, mon timon entre en jeu et le poids se porte sur ce point. » De temps en temps le charron, vigoureusement main- tenu, se tournait vers moi du moins mal qu’il le pouvait, pour me lancer quelques mots à voix basse : « Ce n’est pas un coup de vin qu’il a dans la tête; Jean-Joseph ne boit pas. Serait-ce que par hasard?... * Quand Jean-Joseph eut jeté son premier feu, il se retourna et lut sur la figure du charron que celui-ci ne l’avait pas du tout compris. Alors il recommença son explication posément et à diverses re- prises. c Si je ne me trompe, dit enfin le charron complètement éveillé, je crois entrevoir que tu veux me parler d’une nouvelle manière, d’une manière à toi, de refaire la charrue. — Justement. — Peste ! mon garçon, comme tu y vas, c’est un plus malin que toi et moi qui a inventé la vieille charrue, sois-en sûr. Toutes les fortes têtes des sociétés d’agriculture, des académies de province, de l’Institut de Paris, ont essayé d’y fourrer le nez ; les plus sa- vants n’ont fait que de l’eau claire. Ce n’était pas la peine de nous