The image contains the following text:
trouva à Babylone et envoya en Grèce des observations astrono-
miques qui dataient de 1903 ans et commençaient cent quinze ans
après le déluge et quinze ans après l’érection de la tour de Babel.
Cicéron, et près de deux mille ans après lui, Voltaire, se sont mo-
qués des Babyloniens et des Egyptiens, qui se vantaient de pos-
séder des observations célestes depuis quarante sept mille ans;
mais des plaisanteries ne sont pas des raisons, et, malgré tout le
respect qu’inspirent le génie de Cicéron et la philosophie de Vol-
taire, on ne peut adopter, dans une matière aussi grave, leurs bons
mots et leurs critiques superficielles. Les Chinois, —dont tes an-
nales astronomiques sont fort embrouillées, de l’aveu même des
mjssionnaires jésuites qui les ont vérifiées et redressées en plu-
sieurs points,—et les Persans, qui prétendent que leur roi Cayu-
merath régna mille ans et fut remplacé sur le trône par des princes
dont la vie politique dépassa plusieurs siècles; —ont aussi fourni
a l’école encyclopédi(|ue et voltairienne une mine inépuisable de
quolibets et d’épigrammes : mais le temps a marché, et la science
moderne a reconnu que cet Hérodote, dont les philosophes du dix-
huitième siècle avaient, en quelque sorte, mis les ouvrages im-
mortels à l’index de la raison en traitant ses récits de contes
absurdes, propres tout au plus à charmer les niais et les imbéciles,
a été presque toujours exact dans ses appréciations physiques et
politiques, et que ses observations, loin d’être fabuleuses, ont été
puisées à la source même de la vérité*.
Les Phéniciens, par leurs longues navigations, apprirent à ob-
server le cours des astres. Pline et Strabon rendent témoignage à
' Hérodote a été surnommé le père de riiistoire, et il est à l’histoire ce que
Homère est à la poésie. Hérodote, né én Carie 404 ans avant .lésus-Christ, passa
une partie de sa vie à voyagi r, et n’écrivit que ce (lu’il avait vu par ses yt‘u\ ou
surpris aux traditions des peuples qu’il avait visités. Les neuf livres An Y Histoire
des nations, par Hérodote, furent reçus avec un tel applaudissement par les Grecs,
qu’ils donnèrent à ces livres les noms des neuf muses. L’ouvrage d’Hérodote est
arrivé jus(iu’ii nous; il est écrit en di.alecte ionien, et le style est si pur, si facile,
si harmonieux, il a tant de douceur, de charme et de délicatesse, que Tacite lui-
même avouait (pie la lecture et l’étude approfondie d’Hérodote lui avaient été
d’une glande utilité.