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chesses, richesses véritables qui valaient mieux que les trésors de.
convention du Nouveau-Monde.
La France ne suivit que cent vingt ans après l’impulsion donnée
par l’Espagne à la fabrication des draps. En effet, les belles ma-
nufactures de draps d’Elbœuf, de bouviers, de Sédan; les fabriques
de velours, d’étamine, de serge d’Amiens, de Péronne et de Saint-
Quentin ne datent guère que de 1590 à 1620 ou 30 ^
Mais, à peu près à cette même époque, dans ce même temps
où les Maures, chassés de Grenade, enrichissaient malgré eux
cette Espagne qui les proscrivait et qui les maudissait, vers 1492,
il survenait à notre France un de ces bonheurs qui la sauvent,
qui la consolent ou qui l’exaltent.
Au nombre des esclaves chrétiens que les pèi’es Mathurins
ramenèrent des États barbaresques (Alger, Tripoli, Maroc el
Gigery), en 1598% se trouvaient quelques pauvres ouvriers
Lyonnais. Ces braves gens avaient fait — lorsqu’ils étaient cap-
monuments romains. On admire encore aujourd’hui son château (Alcaçar), bâti
sur un rocher, et qui a défié plus d’une fois la bravoure arabe et française, et
son splendide aqueduc construit par Trajan,pMeîi^e qui joint deux mon-
tagnes séparées de trois mille pas : 177 arcades à deux rangs, posées l’une sur
l’autre, présentent l’aspect le plus grandiose et le plus magnifique. Ségovie, quoi-
que bien déchue de son ancienne splendeur, possède pourtant encore quelque
fabriques importantes, et ses troupeaux de moutons à fine laine jouissent encore
de quelque réputation, quoiqu’ils se trouvent aujourd’hui acclimatés dans tous les
pays de l’Europe centrale.
‘ Les belles manufactures de draps d’Angleterre ne datent que de la fin du dix-
septième siècle; et les fabriques célèbres de la Hongrie, de la Hollande et de
l’Allemagne, du commencement du même siècle.
^ Il y avait jadis en France deux ordres qui allaient racheter les captifs chré-
tiens sur les côtes de Barbarie. Ces ordres étaient les Pères Mathurins, fondés en
4196, par Jean de Matha et saint Félix de Valois. Le second ordre rédempteur
était les Pères de la Mercy, fondé en 1218 en Espagne, par Pierre de Nolasque,
gentilhomme languedocien. Ces deux ordres faisaient des quêtes annuelles pour
1e rachat des captifs, et les Pères de la Mercy étaient en outre obligés, par leurs
statuts, de prendre eux-mêmes les fers de ceux qu’ils ne pouvaient délivrer faute
de fonds suffisants, si ces malheureux étaient en danger de mort ou d’apostasie.
En vérité, il n’y a que la religion chrétienne qui puisse inspirer de pareils dé-
vouements et commander de semblables obéissances; et nous n’avons pas encore
vu que, depuis soixante ans, la philosophie et la philantropie réunies aient pro-
duits de tels miracles d’abnégation et de vertu.