Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.

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)e nazeau ardent, qui commençaient à se quereller, et moi qui ne bougeait pas plus qu’une statue, il accourt. Il me trouve la figure pâle, effarée, les yeux éteints, regardant sans voir ; mes dents claquaient, mes jambes tremblaient, et mes deux mains n’avaient pas quitté ma poitrine. Je ne puis pas vous dire quelle éti’ange douleur j’avais éprouvée ici dans le creux de l’estomac. Cela n’avait duré qu’une seconde, mais cela avait été horrible; ‘ absolument comme si l’on m’eùt enfoncé la pointe d’un clou rougi au feu. Jean-Joseph eut besoin de me faire mille choses avant de me voir revenir un peu à moi. Quand le désordre fut réparé, et que nous cherchâmes la cause de la catastrophe, nous découvrîmes que le soc avait heurté contre un damné bloc de pierre qui était enfoui là depuis des miliers d’an- nées, dit-on. Plus tard, nous l’avons transporté à la ferme ; les ma- çons en ont fait la pierre angulaire d’un bâtiment. L’autre jour, il est venu un bourgeois de Nancy pour le visiter. Il l’a regardé aussi tendrement qu’on regarderait une maîtresse ; il l’a frotté avec son mouchoir pour nettoyer une douzaine de petits creiix qu’il a appelés de l’écriture. Il l’a mesuré dans tous les sens; il l’a dessiné. J’ai dû lui raconter dans les moindres délails mon affreux acci- dent. Après quoi il a fallu le conduire dans le champ, lui faire tou- cher du doigt la place même, tout en recommençant à chaque pas mon histoire. Il a fini par me dire que c’était un grand honneur pour moi, que je devais m’en réjouir, eu être fier ; que c’était une faveur du ciel. N’eùt été une pièce de vingt sous qu’il avait tirée de sa poche et qu’il m’a donnée pour boire, j’allais lui répondre par des injures. Groirez-r-vous, monsieur, que, depuis ce fatal événement, je n’ai pas eu un seul jour de bonne santé! Je ne tardai pas à perdre le sommeil et l’appétit, rien ne passait du peu que j’avais essayé de manger; aussi je commençai à maigrir à vue d’œil. C’est alors que j’ai pu connaître tout l’excellent cœur de Jean-Joseph. 11 s’inquié- tait, il était en vérité plus chagrin que moi, bien qu’il s’efforçât de son mieux pour me le cacher. Être pris par une maladie violente.