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rivé sans doute du latin potio, je bois, et qui s’applique non-
seulement aux vases servant à boire, mais encore aux objets
destinés à mille usages domestiques) est l’un des premiers arts
que les hommes réunis en société aient inventé. Chez les peuples
primitifs, la poterie fut la vaisselle de tout le monde; chez les
peuples civilisés, elle fut principalement à l’usage des classes peu
favorisées des biens de la fortune. Or, comme dans toute nation
bien policée il doit y avoir, et il est moralement et physiquement
impossible qu’il en soit autrement, des familles riches et des
familles pauvres, — nous ne disons pas misérables, prenez-y garde,
lecteur! — la poterie fut alors ce qu’elle est encore de nos jours,
la vaisselle plate du petit bourgeois, du marchand, de l’artisan,
et surtout du philosophe et de l’artiste.
Les anciens ont poussé très-loin l’art de la poterie; ce qu’on a
retrouvé dans les fouilles d’Herculanum et de Pompeï, sur l’em-
placement des villes occupées par les Sabins, les Wolsques et les
Etrusques, prouve que le sentiment du beau, du gracieux, de
l’élégant, avait précédé chez ces peuples les exigences d’une civi-
lisation plus complète et plus éclairée. Les Étrusques, surtout,
ont laissé après eux d’inimitables chefs-d’œuvre de poterie; et les
vases merveilleux qui ornent encore à Rome les galeries du palais
Farnèse et de la villa Aldobrandini, donnent la plus haute idée
du génie et de l’habileté des artistes étrusques.
Nous ne parlerons pas de la poterie colossale des Assyriens,
des Babyloniens et des Égyptiens. Les débiis de pots, de vases,
de coupes, de marmites, — qu’on nous pardonne la vulgarité du
mot, — retrouvés sous les cadavres de pierres et de granit qui
s’appelaient autrefois Ninive, Babylone et Memphis, dépassent
tout ce que l’imagination pourrait créer de plus fantastique. Chaque
tesson, chaque fragment de ces objets, dont les savants ne peuvent
expliquer l’usage, et dont les charlatans seuls prétendent avoir
la clé, sont chargés de ligures, d’emblèmes, d’hiéroglyphes, de
figures, de constellations et de signes dont il est impossible de ne
point admirer l’expression et la netteté, bien que dépourvus de ce