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presque toujours de bas aloi. Ces pièces, inventées par la néces-
sité, par le patriotisme ou par le courage, sont tantôt ovales, tantôt
carrées ou en losanges, en triangles, octogones, pentagones, etc.
La foi publique, la confiance dans le bon droit, dans la sainteté de
la cause qu’on défend, fait toute leur importance et toute leur va-
leur. Il est rare que les monnaies obsidionales aient entraîné la
ruine de ceux qui avaient eu confiance en elles. Pavie et Crémone,
pendant l’invasion de l’Italie, sous François frappèrent un
grand nombre de ces pièces éphémères. Vienne, assiégée par So-
liman II, empereur des Turcs, créa une monnaie obsidionale; les
Vénitiens en frappèrent également à Nicosie, capitale de Chypre,
assiégée parSélim II, en 1662; les Hollandais, dans leurs longues
et sanglantes guerres avec les Espagnols, au seizième siècle, firent
un usage avantageux et fréquent de cette monnaie. Enfin, si la
monnaie obsidionale n’était pas, comme dans l’antiquité, où les
intérêts privés cédaient le pas aux intérêts généraux, et où les ca-
lamités publiques, loin de faire resserrer l’argent dans les coffres
des citoyens, le faisaient au contraire répandre avec plus d’abon-
dance dans la circulation, on peut dire que les modernes ont usé et
abusé de cette découverte, qui sert merveilleusement les convoi-
tises des agioteurs et des avares. Depuis le seizième siècle jus-
qu’au dix-neuvième, les divers peuples de l’Europe ont frappé des
sommes fabuleuses en monnaies obsidionales, et les guerres de la
République et de l’Empire ont multiplié sur tous les points et dans
un grand nombre de villes fortifiées de l’Europe ces espèces, mon-
naies amphibies, qui servent plutôt, le siège passé, à cons-
tater la pauvreté d’un peuple et la rapacité de ses maîtres, que la
vaillance de ses soldats ou l’énergie de ses citoyens. Les monnaies
obsidionales se glissent parfois dans le cabinet des curieux, — les
monnaies du seizième siècle surtout, — et y trouvent une humble
place entre les liards du Bas-Empire et les monnerons de la mo-
narchie expirante ‘.
‘ On appelle monnerons, du nom de son inventeur, des espèces'de médailles qui
eurent cours de 1789 à 1793, et dont quelques-uns étaient bien frappés et habile-