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les plus influents du temps, en faveur des pommes de terre. La
lutte que soutint Parmentier était vive et acharnée, mais que lui
importait ! Peut-on acheter trop cher la gloire de servir et
d’enrichir l’humanité, et les flèches acérées du ridicule ne vien-
nent-elles pas s’émousser et se perdre dans une grande conquête
et un grand triomphe ?
Louis XVI avait pris parti dans la querelle des tuberculiens et
des anti-tuberculiens. Le jeune monarque, qui ne rêvait qu’au
bonheur et à la prospérité de son peuple, avait conçu pour Par-
mentier et pour les idées agricoles que ses écrits avaient fait
naître, une singulière estime. Au commencement de l’année 1781,
le roi ordonna que cinquante-quatre arpents de la plaine des Sa-
blons, — plaine dont le nom indique suffisamment la nature du
terrain et la stérilité, — seraient donnés à Parmentier pour faire
sa première expérience, c’est-à-dire, pour ensemencer des pommes
de terre. Parmentier fit éclater sa joie en apprenant la bienveillante
décision du monarque et répondit à ceux qui traitaient sa noble
hardiesse d’extravagance et de folie : Je réussirai.
Il réussit en effet; vers le vingt-quatrième jour d’août, les
fleurs des précieux tubercules s’épanouirent à la surface des
cinquante-quatre arpents, et promirent la récolte la plus abon-
dante et la plus belle. Parmentier, non surpris mais enivré de
cette satisfaction ineffable qui inonde le cœur des Vincent de
Paille et de ceux qui se dévouent au salut de l’Humanité,
cueille un énorme bouquet de ces fleurs et Vole à Versailles.
C’était la veille de la fête du roi, c’était la veille de la Saint-
Louis.
Sire, dit Parmentier à Louis XVI, je viens vous offrir un bou-
quet digne de vous, et je me tromperais fort, ou aucun de ceux
qu’on vous présentera ce soir, ne sera plus agréable à Votre Ma-
jesté.
Parmentier entra alors, sur l’invitation du roi, dans les dé-
tails de ses travaux, énuméra les moyens qu’il avait employés
pour forcer à la fécondité un sol jusques-là rebelle à tous les