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forfaits par procuration, et qu’ils paient au poids de l’or. La pau-
vreté aux prises avec la faim d’un côté, avec la corruption de
l’autre, reste bien rarement vertueuse, et l’éclat de l’or éblouit
les yeux et la conscience, et fascine la vertu en haillons. L’im-
mortel Shakespeare, dans sa tragédie de Itoméo et Juliette, a
tracé de main de maître ces combats du crime et de l’honnêteté.
C’est une bataille de Salvalor Rosa dont le champ est le cœur hu-
main, dont le héros est un apothicaire, dont les trophées sont le
poison !
La chimie fut, suivant les siècles et les époques, appelée al-
chimie, chrysopée, argyropée, pyrotechnie, art spagyrique,
science hermétique.. Son origine date d’une haute antiquité ; les
Mèdeset les Perses la cultivèrent; les Egyptiens, et à leur imi-
tation les Juifs, s’y appliquèrent avec succès; les Grecs et les Ro-
mains, au temps de leur décadence, en firent une étude spéciale qui
était pourtant expressément limitée dans quelques professions.
Ainsi que son nom qui l’indique, siic, le mot exprimait chez
les anciens la science des poisons.
La chimie est l’art,— la science, si l’on veut,— de rechercher
l’action intime et réciproque que tous les corps de la nature exer-
cent les uns sur les autres, quelles que soient les ci [ constances
dans lesquelles ils se trouvent placés. La chimie est peut-être l’une
des sciences qui exigent de la part de ceux qui s’.y livrent le moins
d’études préliminaires, le moins d’esprit et le moins d’imagination.
La patience est la première qualité du chimisle ; le hasard et l’ob-
servation, mais surtout le hasard, font le reste. La chimie est,
après l’astronomie, la science la plus profitable aux véritables sa-
vants et aux intrigants; c’est le Pactole aux flots d’or pour ces
derniers, parce que le secret de combiner des sucs de plantes et
des métaux, et celui d’expliquer bien ou mal aux niais et aux
imbéciles la marche des corps célestes, est depuis la création du
monde une source de richesse et d’honneurs pour les chimistes et
pour les astronomes. Le sucre de betterave et la révélation sus-
pecte de quelques planètes ou de quelque pauvre comète ont valu