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de Jouas crédules, qui croiront travailler pour la liberté du monde,
et qui n’auront, en réalité, travaillé que pour l’abaissement de
leur patrie et la puissance de l’Angleterre ; que dis-je? si Dieu ne
s’y oppose, l’Europe, grâce à la Grande-Bretagne, va rétrograder
d’ici à un quart de siècle vers la barbarie. Vous comptez, utopistes
aveugles, sur l’alliance, sur la sympathie de l’Angleterre? Insen-
sés ! Allez donc lire sur les murs démantelés de Mysore, et sur
la grève encore sanglante de Quiberon, ce que peut, ce que doit
être l’alliance, la sympathie, l’amitié de l’Angleterre!
C’est une chose toutefois digne de remarque, que les nations
exclusivement commerçantes aient toujours été fourbes, usurpa-
trices et tyranniques. ïyr opprima et ruina vingt royaumes;
Alexandrie écrasa les uns après les autres tous les marchés de
l’Egypte et de la Syrie ; vous savez ce que signifiait la foi punique,
et Venise, au moyen-âge, faisait argent de tout, et aurait vendu
au Turc la liberté de l’Europe, si le Turc eût été assez riche pour
la lui acheter. De grands trafiquants peuvent être de grands
hommes : les Médicis, les Jacques Cœur, les Dupleix, sont là pour
le prouver. Les nations puissantes par le commerce ne sont jamais
de grandes nations; car malgré leurs beaux semblants de phi-
lanthropie universelle, la principale denrée de leurs docks est tou-
jours le sang humain.
La navigation, endormie pendant tout le temps que dura le
classement des barbares en Europe, se réveilla à l’époque des
croisades. Ce fut encore à l’ombre de la croix que Tart merveil-
leux de flotter sur l’abîme se révéla au monde pour la seconde
fois. La découverte de l’Amérique, vers la fin du quinzième siècle,
acheva de donner à la marine marchande et militaire de l’Europe
une importance qui s’est accrue jusqu’à nos jours et qui promet
de s’augmenter encore, grâce aux progrès des sciences et aux
précieuses traditions de l’expérience. Cependant, il n’est pas hors
de propos de remarquer qu’aucune grande solution politique n’est
sortie de])uis trois cent cinquante ans d’une victoire navale, ce
(pli prouve (iiie la grandeur des résultats ne correspond pas tou-