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sortilège infernal, et ce concert d’imprécations et de malédictions,
renforcé par les cris d’une populace ignorante et aveugle, retentit
jusque sous les voûtes de la grand’Chambre du Parlement de
Paris ^.
Cependant, les trois associés de Mayence poursuivaient le cours
de leurs succès. Cinq presses travaillaient nuit et jour et reprodui-
saient, outre la Bible, les évangiles et les œuvres des pères de
l’Eglise, les ouvrages, devenus dès-lors véritablement immortels,
de Démostbènes et de Cicéron. Rien n’égalait l’ardeur et le mou-
vement des esprits en Allemagne ; Gutenberg, par son industrie
divine, rallumait au nord le llambleau des sciences et des belles-
lettres, que le Grec Jean Lascaris faisait déjà briller au midi de
l’Europe, Clercs, moines, bourgeois, nobles et magistrats étaient
saisis d’une ardeur toute attique ! On fouillait dans les archives
des monastères, des cathédrales, des moindres moutiers pour
tâcher de retrouver quelques œuvres, quelques feuillets des poètes
grecs et latins échappés à la stupide curiosité des barbares ; on
transportait pieusement chez, Gutenberg et ce Plaute, si merveil-
leusement reproduit par des moines de Nuremberg ; et ce Térence,
qui coûta dix années de patience à ce vaillant greffier de Ingel-
helm ; et ce Thucydide, conservé à Heidelberg pendant des siècles
dans le couvent des Cordeliers, dont il était la relique la plus glo-
rieuse. C’était une nouvelle, une immense croisade de toutes les
intelligences pour empêcher le retour de la barbarie et pour fonder
un phare impérissable, à la clarté duquel tous les peuples pussent
lire, jusqu’à la consommation des siècles, leurs titres, leurs de-
voirs et leurs droits.
Mayence eut peut-être conservé longtemps le monopole de cet
‘ Faust fit un voyage à Paris pour y vendre ses bibles, et en vendit beaucoup.
Les personnes qui en avaient acheté, et qui ne connaissaient point encore le ré-
sultat de l’imprimerie, pensaient avoir acquis des manuscrits; mais en comparant
les exemplaires entre eux, elles s’aperçurent qu’ils étaient semblables. Ces bonnes
gens crurent alors à la magie, et force fut au Parlement de décréter prise de corps
contre Faust, qui prit la fuite. Quelque temps après, le Parlement, plus éclairé,
déchargea Faust des peines et amendes portées contre lui.