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ans, cette puissance, qui fait constamment naviguer ses bâtiments
de commerce derrière ses formidables flottes, a envoyé en Chine
des cargaisons entières de pendules et de montres. D’une main,
rAnglelcrrc forçait les Chinois à s’empoisonner avec l’opium
qu’elle leur vend au poids de l’or, et de l’autre elle leur offrait,
avec ce sourire judéen des marchands de lorgnettes et de chaînes
de sûreté, des montres plus admirables encore par la régularité
du mouvement que par la richesse de l’enveloppe. Ces oppresseurs
des pacifiques citoyens du céleste Empire voulaient doter leurs
nouveaux sujets d’une des merveilles de la moderne civilisation
européenne, et inaugurer leur entrée triomphale dans la patrie de
Confucius. Plaise à Dieu que ces montres qui ont sonné pour la
Chine la première heure de l’oppression, donnent un jour aux
Chinois le signal du réveil et de la délivrance ! ! !
Malgré les développements magnifiques de l’horlogerie de luxe,
de l’horlogerie scientitique et de l’horlogerie ornementale et mo-
numentale, la vieille horlogerie en bois, qui a son principal siège
dans la forêt Noire et dans plusieurs contrées de la Suisse et de la
Bohème, occupe toujours des milliers de bras et nourrit de nom-
breuses familles. Grâce à cette horlogerie rustique, la plus pauvre
chaumière est encore animée par les pulsations du temps, —
pour se servir de l’expression pittoresque d’un poète allemand, —
et peut mesurer ses heures de joie et de labeur. On a calculé qu’il
se vendait chaque année en Europe et en Amérique pour plus de
quatre millions d’horloges en bois, somme qui se partage à peu
près également entre la Bohème, la Suisse et la forêt Noire. En
Allemagne, en Daneinarck, en Suède et en Hongrie, les plus
misérables cabanes sont ornées d’hoiloges des Alpes ou de la forêt
Noire; et dans les pnijs les moins avancés des États-Unis d’Amé-
rique, les voyageurs ont remarqué avec surprise que les habita-
tions des colons et des indigènes étaient pourvues de ces machines
fabriquées sous les arbres séculaires de l’ancien monde'. C’est que
le temps est la richesse des hommes laborieux, et que la distri-
bution normale des heures est la garantie du travail, de la vertu