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Nous nous garderons bien de donner à ce récit autre chose que
ce qu’il doit avoir : de la clarté et de la précision.
On doit regarder l’invention des chiffres comme une des plus
utiles et qui fait le plus d’honneur à l’esprit humain. Cette invention
est digne d’être mise à côté de celle des lettres de Vaiphabet.
Rien n’est plus admirable d’exprimer avec un petit nombre.de
caractères, toutes sortes de nombres et toutes sortes de mots. Le
mérite de cette invention consiste surtout dans l’idée qu’on a eue
de varier la valeur d’un chiffre en le mettant à différentes places,
et d’inventer un caractère zéro, qui se trouvant devant un chiffre,
en augmentât la valeur d’une dizaine.
On appelle assez improprement chiffres romains, les lettres
de l’alphabet romain. Ce mode de chiffrer avec des lettres fut en
vigueur en Europe et principalement en France, jusqu’au sei-
zième siècle. Ce ne fut, en effet, que vers l’année 1549, sous
le règne de Henry II, que les chiffres romains furent rem-
placés sur les monnaies par les chiffres arabes.
Et pourtant, les croisades avaient apporté eu France, en
Angleterre, en Italie et en Allemagne, les chiffres arabes. En
1233, les actes publics, en Angleterre, sont datés en chiffres
arabes; les feuillets du grand antiphonaire de la cathédrale de
Pise sont marqués avec ces chiffres; en Allemagne et en France,
des monastères, des tabellions, des particuliers même, expri-
maient les quantièmes en signes arabesques.
D’où les Arabes tenaient-ils ces signes rapides, élégants, pré-
cis, qui se peignent aussi vite que la pensée et qui sont proba-
blement la véritable cause du progrès moderne des mathématiques?
On l’ignore. Quelques auteurs prétendent que les Grecs les reçu-
rent des Egyptiens et que ceux-ci les transmirent aux Arabes.
D’autres pensent que les Indiens sont les véritables auteurs des
chiffres et que les Maures et les Arabes nous les transmirent.
Cette origine indienne est la mieux fondée et la plus généralement
acceptée.
Il ne serait peul-être pas sans intérêt de rechercher les signes