Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.

454/490

(debug: view other mode)

The image contains the following text:

L’autre, comme disait de Maistre, vend, achète, discute, traite, spécule avec ardeur. Quand je parle de restaurant, qu’on n’aille pas croire que les dining-rooms soient, comme ici, des salons où l’on vienne s’atta- bler pour savourer lentement des mets plus ou moins recherchés ou plus ou moins nombreux. Du tout. Dans la Cité de Londres, par exemple, les dining-rooms se composent de deux salles, l’une au rez-de-chaussée, l’autre au premier, avec des tables séparées par des demi-cloisons, comme les chevaux dans certaines écuries; un comptoir à plusieurs robinets pour les différentes espèces d’ale, de stout ou de porter, où la maîtresse de la maison trône noble- ment, assistée de son mari ou d’un garçon qui, l’oreille au guet et la bouche sur l’orifice d’un porte-voix scellé au mur et descen- dant jusque dans la cuisine, y transmet par ce moyen les ordres des convives. Ce système de communication d’une pièce à une autre, et le plus souvent dans les manufactures par exemple, du cabinet du patron dans toutes parties de l’établissement, est fort commun en Angleterre. Il économise le temps, et il y a un proverbe anglais qui dit : Times is moneg (le temps est de l’argent); ce qui est vrai par- tout, mais ce que les Anglais seuls paraissent bien comprendre. J’en prends à témoins tes habitués des dining-rooms. Ils entrent, s’assoient, commandent leur dîner, qui se compose presque inva- riablement d’une tranche large et mince de rôti, — mouton, bœuf ou veau, —ou de jambon ;—de trois pommes de terre cuites dans l’eau, d’un plat de légumes au naturel, suivant les saisons; le tout se mangeant ensemble avec force moutarde, sel, poivre de Cayenne ; d’un verre d’eau pour ceux qui sont de la société de tempérance, ou d’un verre de scotch ale, ou encore d’une pinte de porter pour les autres. En mangeant, ils lisent les journaux, puis paient et s’en vont. L’opération tout entière ne dure pas plus de vingt minutes. Ce qui contribue beaucoup à la tristesse que les étrangers, et les Français surtout, éprouvent dans Londres, c’est le grand 63