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au temps des mages, le symbole de la science; chez les Anglais,
chez les Saxons, chez les Français, chez les Écossais, c’était encore
Ovéha (la lune) avec ses mystérieuses et placides clartés, avec sa
milice d’étoiles nébuleuses qu’on voyait briller à côté de la croix.
Des hommes éminents se révélèrent pourtant alors. En Angle-
terre, ce fut Roger Bacon \ ce moine à la tête encyclopédique qui
toucha à toutes les sciences, et qui laissa sur chacune d’elles l’em-
preinte ineffaçable de son génie; en France, moins d’un siècle plus
tard, ce fut Nicolas Flamel, le plus grand philosophe hermétique
qui fut jamais®; en Italie, ce fut Thomas de Pisan®, que la France
adopta, et que Charles V, le sage Charles V, honora d’une amitié
fondée sur l’amour du peuple et sur l’amour de la science.
* Roger Bacon, religieux anglais de l’ordre de Saint-François, fut surnommé le
docteur admirable. Roger s’appliqua à l’astronomie, à la chimie, aux mathéma-
tiques, à la médecine, à la mécanique et à la perspective. 11 était lié avec tous les
savants de son temps, et découvrit une erreur considérable dans le calendrier,
dont il proposa, en 1267, la correction au pape Clément IV. Bacon a décrit dans
ses ouvrages la chambre obscure, toutes les espèces de miroirs propres à grossir
ou à diminuer les objets; il fabriqua un télescope, donna la recette de la poudre à
canon, et fit un grand nombre de découvertes utiles. Son grand œuvre, ouvrage
.à peu près oublié des savants d’aujourd’hui, est la critique la plus sanglante des
prétendues découvertes modernes, car il les indique à peu près toutes. Accusé de
magie. Bacon se justifia, sortit de prison et retourna à Oxford, où il mourut en
1294, à soixante-dix-huit ans.
® Nicolas Flamel, natif de Pontoise, au quatorzième siècle, vint à Paris, où il fit
une fortune considérable par la part qu’il prit, sous le ministère de Jean de Mon-
taigu, au maniement des finances. Nicolas Flamel fit de doctes recherches sur la
pierre philosophale, composa un sommaire philosopliique dont les idées sont fort
avancées pour le temps, et se distingua autant par sa science calligraphique que
par sa charité envers les pauvres. Il mourut, ou, ce qui est plus probable, il s’en-
fuit de Paris peu de temps après la mort de sa femme Pernelle, qui trépassa
en 1412.
3 Thomas de Pisan fut appelé en France, comme nous avons déjà eu l’occasion
de le dire, par Charles V, qui lui accorda des honneurs et des pensions considé-
rables. De doctes critiques modernes ont trouvé mauvais que Charles V eût appelé
cet étranger illustre dans ses conseils. Mais que faisons-nous donc, nous qui meu-
blons nos bibliothèques de bandits et de voleurs étrangers, et qui stipendions
l’oisiveté, la paresse et la fainéantise de cent mille vagabonds de tous les coins du
globe? Du moins les bienfaits de la France et de son roi, au quatorzième siècle,
ne s’adressaient-ils qu’à des hommes véritablement dignes de louanges, qu’à
d’honnêtes gens.