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chemins différents ; par la Tamise ou par le South Eastern
railway.
En suivant le premier de ces chemins, que les Anglais appellent
le silent higwaij (la grande route silencieuse), sans doute à cause
du bruit qu’on y entend et du mouvement qu’on y rencontre, si
le mal de mer ne vous a pas retiré tout sentiment, et si Ton peut
se tenir sur le pont du bateau à vapeur, on est préparé peu à peu
au spectacle qui vous attend à Tarrivée.
A mesure que le fleuve se resserre, on sent l’activité qui com-
mence. L’eau devient plus noire et plus épaisse. Les rives se peu-
plent , les entrepôts se multiplient, les barques se croisent, les
vaisseaux marchands, tout à l’heure éparpillés à distance et vo-
guant à toutes voiles, se rapprochent et ralentissciit leur marche
comme des soldats qui marquent le pas. Voici les docks, ces im-
menses bassins qui s’avancent jusqu’au cœur des faubourgs de
Londres, où les vaisseaux de toutes les nations viennent s’abriter
et chercher les produits qu’ils transporteront sur tous les points
du globe. La vue se fatigue à suivre au-dessus des chantiers et
des magasins goudronneux et noirs qui bordent le fleuve, et der-
rière lesquels se cachent les docks, cette forêt de mâts qui laissent
flotter leurs mille pavillons aux couleurs de tous les pays de la
terre. Puis, voici Woohvich à moitié baigné par la marée mon-
tante, et Greenwich avec son hôpital d’invalides, qui ressemble
un palais de rois, et son Observatoire posé, comme la senti-
nelle de la science, sur la colline boisée qui domine ce dernier
asile de la guerre. C’est là que le crescendo de bruit, d’activité,
de mouvement, d’intérêt commence.
Les bateaux à vapeur se croisent en tous sens, comme les om-
nibus dans nos rues, s’arrêtant çà et là pour déposer ou prendre
des voyageurs; Teau qu’ils agitent vient battre le pied de vastes
maisons dont chaque étage regorge de marchandises ; les navires
commencent à se ranger sur deux lignes profondes des deux côtés
de la Tamise, formant deux baies gigantesques au milieu des-
quelles vous passez, et qui vont, se resserrant toujours, jusqu’au