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il est incontestable que cette découverte a été pour la peinture
un précieux encouragement. L’art de graver est le ménechme
de l’art de peindre, et si l’antiquité eût trouvé le secret de
reproduire par le burin les ouvrages immortels de ses peintres,
nous ne regretterions pas si amèrement aujourd’hui les tableaux
de Zeuxis, de Protogène et de Limante. La gravure sur cuivre
suivit de près la gravure sur bois. La première horloge de bois
était le génie, la première horloge de cuivre était le talent; le
tout est de trouver une idée génératrice, et l’œuf de Chiistophe
Colomb est toujours comme symbole d’une invincible vérité; et
dès le commencement du treizième siècle, les moines de l’ordre de
Saint Bernard excellaient dans ce genre de travail. L’illustre Al-
bert Durer, de Nuremberg, fonda la véritable école de gi avure au.
quinzième siècle, comme Cimabué, à la fin du treizième siècle,
avait jeté les fondements de la grande peinture; et depuis Albert
Durer, le nombre des graveurs en Allemagne, en France, en An-
gleterre, en Italie et en Espagne s’est prodigieusement augmenté,
et dans ce nombre des hommes de génie ont surgi à diverses épo-
ques. Les Marc-Antoine, les Drevet, les Schapfer, les Miraguez
se sont associés à la gloire des grands peintres dont ils se sont fait
les interprètes, ont partagé leurs palmes et conquis quelques
fleurons de leurs couronnes.
Nous avons vu dans le chapitre précédent que l’art céramique
(l’art du potier) avait, chez les anciens comme chez les modernes,
emprunté à la peinture ses plus attrayantes qualités. Les vases,
les jattes, les magots, les tasses de porcelaine de la Chine et du
Japon sont redevables à l’éclat plus encore qu’à l’originalité de
leurs peintures, de la vogue dont ils n’ont cessé de jouir en Europe
depuis bientôt sept cents ans. Notre manufacture de porcelaine de
Sèvres a associé tous les genres de peinture à ses triomphes pure-
ment céramiques, et plusieurs de ses produits pourraient, sous le
rapport pictural, rivaliser avec les toiles éloquentes des plus grands
maîtres de notre école. C’est sans doute moins pour nous que
pour les âges futurs que ces splendides travaux s’accomplissent,