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chimérique, une rémunération fabuleuse. La fausse monnaie est
l’épée de Damoclès suspendue sans cesse sur la tête du peuple;
il faut que cette épée tombe enfin, mais sur la tête des infâmes
et des monstres qui, en cherchant à voler les riches, se font un
jeu d’égorger les pauvres.
Nous ne demandons pas qu’on fasse bouillir dans des chau-
dières de poix et de bitume les faux-raonnayeurs, comme au
treizième siècle, et que le marché aux pourceaux soit le théâtre
de ces terribles représailles’. Nous ne souhaitons que la stricte
et sévère exécution des anciennes prescriptions de notre Code
criminel. Les progrès de la mécanique, de la chimie surtout, ont
créé autant de faux-monnayeurs que les méthodes calligraphiques,
mises à la portée de toutes les mains, ont formé de faussaires
en écritures publiques et privées. Il est temjis d’appliquer à ce
mal qui se propage avec une effrayante rapidité, à cette espèce
de lèpre, à cette gangrène qui s’étend sur toutes les parties du
corps social, un remède héroïque. Il faut en finir, en un mot.
‘ L’horreur même du supplice, quoi(iu’en disent les niais qui se décorent du
beau titre de philantropes, prévenait autrefois le crime de fausse monnaie : on
n’en compte pas vingt de la fin du douzième siècle au commencement du seizième
siècle; et depuis les modifications apportées à notre Code pénal, il n’y a point
d’année où nos assises de départements ne soient appelées à juger une douzaine
de ces atîaires. 11 est évident que la peine édictée par le Code refondu n’etfraie
plus personne, et que l’indulgence et l’aveuglement du législateur ont encouragé
l’audace du malfaiteur, en lui faisant espérer l’impunité ou une peine légère.
Ce sont les travaux forcés! va me répondre tel individu qui se pare du titre
d’homme sensible, d’homme du dix-neuvième siècle. Eh ! pauvre homme, ne sais-
tu pas que les scélérats qui veulent atteindre un grand but se moquent de toutes
les peines qui n’entraînent pas la perte de la rie. Philosophe sans barbe ou
avec barbe, consulte tout ce qui est philosophe et tout ce qui a observé l’espèce
humaine dans les prisons, dans les galères, dans l’exil. Les peines mitoyennes
donnent du cœur aux plus poltrons, de la témérité aux plus lâches et une énergie
nouvelle aux plus forts. C’est fâcheux, mais c’est vrai.
L’Église s’était jadis associée à l’autorité civile pour flétrir le faux-monnayage,
(•■et homicide déguisé. Plusieurs papes excommunièrent les faux-monnayeur^ Mais
aujourd’hui, les excommunications de Rome ne sont plus que les foudres attié-
dies du Jupiter Olympien, et il faut que la puissance civile soit doublement sé-
vère, doublement opiniâtre à poursuivre les forfaits. Là où la foi est éteinte, il
faut l’inexorable et palpable éloquence du glaive.