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athlétique, qui vulgarisa sous quelques rapports la sculpture, et
lui ôta une partie de cette pompe olympienne dont l’avait dotée le
divin ciseau de Phidias*.
Un siècle après Phidias, l’art grec abandonna les formes idéales
pour adopter exclusivement la beauté des formes humaines. Le
spiritualisme dont la Minerve et le Jupiter étaient la plus bril-
lante expression, s’effaça devant le matérialisme ou le sensua-
lisme de la nouvelle école. Scopas et Praxitèle marchèrent à la
tête des artistes novateurs, et arborèrent ainsi l’étendard de la
décadence de la statuaire grecque.
Le relâchement des mœurs poussait l’art comme toujours à la
licence et à la dégradation. La Grèce ne cherchait plus à honorer le
courage, à immortaliser la vertu, à récompenser les dévouements
civiques ; elle n’était amoureuse que des jeux, des spectacles et des
fêtes : ses athlètes étaient des personnages importants, comme plus
tard, à Rome et ailleurs, les histrions; et la volupté, les doux
loisirs, les molles heures de l’ivresse étaient recherchées, désirées,
convoitées par les dernières classes de citoyens, qui faisaient jadis
à Athènes, par leur tempérance, leur vigueur et leur mâle atti-
tude, la force et l’orgueil de la République. Partout les vices
triomphaient, et l’austère Pallas du Parthénon recevait bien moins
d’hommages que la Vénus de Guide de Praxitèle, et le Cupidon et
le Satyre endormi du même artiste. Les bas-reliefs eux-mêmes,
—ces petits journaux de l’antiquité,—-reflétaient comme les nôtres
la décrépitude et les funestes tendances de la société grecque ; et
* Cette triste manie de chercher à mmortaliser tout par les heaux-arts, — dont
la mission est de glorifier les dieux, la patrie et la vertu, — ne fit que croître
et embellir avec le temps. Myron avait tout uniment reproduit avec le ciseau les
figures des athlètes, comme de nos jours le premier grand peintre venu retrace le
visage d’un comédien impudique, dont la face est encore barbouillée de fard et des
huées du public. Mais plus tard, les statuaires grecs et romains renchérirent encore
sur cette misérable apothéose du vice plus que du talent : on alla jusqu’à mouler
les membres de ces athlètes de profession qui avaient remporté trois fois la palme
de la victoire. Il n’est point permis d’en douter, puisque Pline nous l’affirme en
ces termes : Ex membris ipsorum similitudine expressâ. Nations, vous cessez
d’être quand vous prostituez ainsi votre encens, vos louanges et vos arts.