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Si le seizième siècle fui fécond en grands musiciens, eu compo-
siteurs habiles, il fut aussi le point de départ du perfectionnement
mathématique des instruments de musique. Au premier rang de
ces hommes industrieux qui dotent pour ainsi dire d’une âme et
d’une voix enchanteresse, quelques fragiles morceaux de bois,
il faut placer Nicolas et André Amati. Le violon, qu’on est
convenu d’appeler le roi des instruments, avait été inventé vers le
milieu du treizième siècle par un pauvre hermite de la Romagne,
et de 1245 à 1565, cette lyre renversée, comme disaient les
Italiens, n’obtint que de lentes et insigniliantes améliorations.
Les Amati parurent et le violon devint dans leurs mains savantes,
une création merveilleuse. Grâce à eux, le violon put traduire le
langage des anges et le langage des hommes, les orages du ciel
comme les orages des passions, l’enfer et le paradis, le désespoir
et la joie, l’amour et la destruction.
Les frères Amati remplirent l’Europe de leurs chefs-d’œuvre,
aujourd’hui brisés par le temps ou par la main des hommes, plus
cruels souvent que le temps. La France, plus que tout autre
pays, fut favorisée dans cette distribution de prodiges. André
et Nicolas Amati, firent pour la chapelle de Charles IX, vingt-
quatre violons : six dessus, six quintes, six tailles et six
basses de violes. Ces instruments d’une justesse, d’une sono-
rité et d’une pureté de sons merveilleuses, étaient encore re-
haussés par d’inestimables peintures, où les premiers artistes
de l’Italie avaient rivalisé de grâce, de délicatesse et d’origi-
nalité. Les six dessus représentaient les principaux événements
de la vie guerrière et musicale du roi David ; les six quintes,
divers traits de la vie de Charlemagne, du roi Robert et de
nions ni cantiques ni noëls, mais les chansons patriotiques de M. de Béranger.
Le Gloria Patri, des psaumes traduits par Marot, a été le poignard de Jacques
Clément, et les trois journées de Juillet 1830 ont été le couplet final des chansons
de Béranger. Le troue du dernier des Valois et des derniers Bourbons est tombé,
comme les murailles de Jéricho, au son de la musique discordante des li'ompettes
sacrées et profanes de la guerre civile.