Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.

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d’une députation de l’Assemblée nationale. La loi des 21 et 29 juillet 1791 consacra les vœux du père des sourds-muets en fon- dant l’institution de Paris. « Bénie soit la science quand elle se met ainsi au service de l’humanité! Qu’étaient ces leçons individuelles données, avant l’abbé de l’Épée, à un petit nombre de sourds-muets appartenant aux classes riches?... Pour lui, c’est la classe entière des sourds- muets qu’il embrasse dans sa sollicitude; il réunit ses élèves dans un enseignement collectif, et ce sont les pauvres qu’il appelle à lui de préférence. Il provoque la fondation d’instituts semblables; il forme des instituteurs, missionnaires zélés, habiles, qui vont pro- pager l’art bienfaisant et l’appliquer en diverses contrées; il convie, il accueille les disciples qui lui arrivent, dans le même but, de Vienne, d’Espagne, d’Italie, de Suisse, de Hollande. C’est lui qui a imprimé le mouvement, déterminé l’essor qu’a pris, depuis un demi-siècle, ce mode d’enseignement dans les deux mondes. « C’était, disait-il, l’unique récompense qu’il désirât sur la terre. » « Ame généreuse, il s’attacha avec ardeur à ces infortunés précisément à raison de leur infortune ; il leur dévoua trente années entières, sans réserve, et ne respira que pour eux jusqu’à son dernier soupir. « A un désintéressement aussi absolu sous le rapport de la fortune, ou plutôt à une libéralité si admirable, l’abbé de l’Épée I joignit un autre genre de désintéressement non moins méritoire et non moins rare : inventeur d’un nouvel art, créateur d’un éta- blissement si utile à l’humanité, le voit-on élever aucune préten- tion, réclamer aucune faveur?... Aussi simple que modeste, il s’efforce même d’affaiblir le mérite qu’on lui attribue. Loin de repousser les améliorations, il les accueille, de quelque part qu’elles viennent. Il déclare qu’il n’a marché lui-même que par tâtonnements, qu’il s’est trompé plus d’une fois, et qu’il s’est ré- formé chaque fois qu’il a été éclairé sur l’une de ses erreurs. « Mais les méthodes ne sont entre ses mains qu’un instrument ; son but est de faire du sourd-iniiel un chrétien, un sujet vertueux.