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en plein dix-neuvième siècle et devant un public qui est.si peu
dupe, on le sait, des escamoteurs de toute espèce, avait cela
de bon qu’elle s’alliait admirablement à la poésie, à la politesse,
au plaisir et que par ce côté elle pénétrait plus avant dans les
flancs de la barbarie pour y porter la civilisation. L’astrologie
judiciaire en passant sous les portiques embaumés de l’Alhambra
de Grenade et de Cordoue, s’était imprégnée du suave parfum
des odalisques et deshouris, et cette crédulité héroïque qui sou-
mettait au même joug le leste et brillant Abencerrage à l’aigrette
de diamant et le fier et pesant capitaine chrétien, em^mailloté
pour la victoire ou pour la mort dans sa carapace de fer, avait
quelque chose qui souriait tout d’abord à l’imagination, au cœur
et à l’esprit des Français.
Et puis il ne faut pas donner au mot astrologie l’extension
l'idicule que Mathieu Lænsberg lui donne depuis tantôt trois cents
ans. Si l’astrologie judiciaire avait pour suppôts quelques-uns de
ces hommes qui spéculent et qui tirent à vue dans tous les temps,
sur toutes les ivresses et sur toutes les crédulités publiques, elle
avait aussi pour organes des hommes de cœur, de conviction, de
. science et de talent. Si elle a compté parmi ses grands prêtres des
bateleurs tels qu’Arcanicus,.Samuel Moral), Alek, Morin, elle
compte aussi des hommes recommandables par leur savoir, leurs
talents ou leurs vertus, tels que Thomas de Pisan, Paracelse et
Cardan ^.
‘La charge d’astrologue de cour était aux onzième, douzième, treizième et
quatorzième siècles, presque toujours remplie par des hommes remarquables par
leur science et leurs lumières. On se ferait une très-fausse idée de ces astrologues,
si l’on croyait que leurs fonctions auprès des rois consistaient à tirer des horos-
copes et à dire la bonne aventure. Ces savants s’occupaient presque uniquement
d’études positives, auxquelles.se joignait celle de l’astronomie, science alors
fort imparfaite. Charles V, qui était Tun des princes les plus éclairés de son
temps, sinon le seul, employait Thomas de Pisan à calculer l’influeuce des astres
sur l’agriculture, et cette Influence n’a pas été niée depuis. Les astronomes d’au-
jourd’hui, on lésait de reste, ont trouvé, comme leurs devanciers les astrologues
du quatorzième siècle, le point que cherchait Archimède pour soulever la terre.
.V l’aide de ce point, ils acquièrent dignités, richesses, privilèges et emplois. En