The image contains the following text:
pont de Londres. C’est là, devant ce pont qui n’a son pareil nulle
part, et qu’on ne peut voir sans se rappeler ce vieux chant na-
tional anglais ; Rule Britania ! sans se dire que l’Angleterre est
bien vraiment la reine de l’Océan ; c’est là que la douane vous
attend, avec ses longueurs et ses vexations.
Si, au contraire, on a pris le chemin de fer à Brighton, à
Folkstone ou à Douvres, en descendant au débarcadère de Lon-
don-Bridge , on se trouve tout à coup, sans préparation aucune,
au milieu d’un tohu-bohu inexplicable, d’un concert de cris de
toute sorte qui vous assourdit, d’une foule innombrable de voi-
tures, de piétons, allant, courant, qui vous éblouit ; d’un mou-
vement internai qui vous donne le vertige. On est sur le pont
de Londres; on regarde au-delà du parapet, que longe, en se
pressant, une multitude affairée, et en plongeant ses regards dans
l’abîme brumeux sur lequel on a passé, on découvre à vol d’oiseau
cet admirable et imposant spectacle que je décrivais tout à l’heure.
On voudi'ait s’arrêter pour admirer, mais ou est déjà dans les
rues populeuses et encombrées de la Cité.
Londres avait un million et demi d’habitants il y a vingt ans ;
aujourd’hui il en compte deux millions et demi. Sa population
équivaut aux populations réunies de Paris, de Vienne, de Madrid
et de Bruxelles. Elle est égale à celle du royaume de Hanovre tout
entier, dépasse de 450,000 âmes celle de la Westphalie, et re-
présente deux fois la population de la Grèce actuelle. C’est un
monde, c’est un chaos!
Londres couvre une superficie de 12 ou 13,000 acres, ou de
18 à 20 milles carrés. (Le mille anglais vaut à peu près le tiers
d’une lieue.) On compte environ 9 à 10 milles de l’est à l’ouest,
et 5 à 6 du nord au sud. La population étant évaluée à 2,500,000
âmes, il y a donc, en moyenne, par mille carré ou par 1,200 mètres
carrés une agglomération de 125,000êtres humains, vivant de
plaisir ou de labeur, manquant d’air ou d’espace; remuant, tra-
vaillant, souffrant, et mourant de débauche et de misère! Si l’on
prenait a part les quartiers populeux, on pourrait doubler ce