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remarqué plus d’une fois que parmi les crisiaques du baquet,
plusieurs étaient pris d’un sommeil somnambulique. Il adressa la
parole à un de ces dormeurs, et ce dormeur lui répondit. M. de
Puységur continua ses expériences, et leur complète réussite ne
laissa plus aucun doute dans l’esprit de M. de Puységur, sur la
lucidité de certains somnambules. Dès-lors, le magnétisme se
transforma; il fut doublé de somnambulisme, et le baquet mesmé-
rièn devint un mythe et n’exista plus que dans les caricatures de
Duparc et de Boilly.
Résumons, en empruntant quelques lignes à un savant pra-
ticien, l’alliance du magnétisme et du somnambulisme.
Mesmer suppose que l’univers entier est plongé dans une sorte
d’éther, de fluide éminemment subtil, que ce fluide pénètre tous
les corps vivants comme les corps inorganisés, et qu’en se rendant
maître de cet agent mystérieux on pouvait produire dans l’économie
animale des effets merveilleux, et principalement amener la solution
de certains états morbides, réfractaires aux moyens ordinaires de la
médecine.
Partant de cette définition, le marquis de Puységur s’attacha à
rendre le somnambulisme tributaire du magnétisme. La fortune,
la position de M. de Puységur, lui fournirent le moyen de se
livrer à des expériences coûteuses et réitérées : il se retira à son
magnifique château de Busancy, et bientôt le manoir féodal fut
aussi fréquenté par les oisifs, les curieux et les hypocondriaques
de la cour et de la ville, que l’avait été naguère l’hôtel de la place
Vendôme'.
Dans le somnambulisme lucide, ainsi appelé pour le distinguer
du somnambulisme naturel, l’individu, assure-t-on, placé dans
des conditions physiologiques et morales tout à fait insolites, est
sous la dépendance exclusive et absolue du magnétiseur; il peut
* On sait que Mesmer logea ses baquets et lui-même dans un splendide hôtel
de la place Vendôme. Le savant docteur était, ce me semble aussi, un fort pro-
fond observateur. Il avait compris que pour réussir à Paris, il faut avant tout
frapper les yeux e afficher les dehors d’une opulence véritable ou d’emprunt.