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l’exlrême fécondité de leurs filons et à l’opulence de leurs veines.
A l’arrivée des Espagnols, tout changea de face ; ces conquérants,
plus hardis, plus âpres, plus insatiables que les Maures qui avaient
autrefois subjugué l’Espagne, comme ils subjuguaient aujourd’hui
l’Amérique, cherchèrent tous les moyens imaginables de pressurer
cette terre conquise par le hasard en dessus et en dessous. Ils or-
ganisèrent la violence contre les choses aussi bien que contre les
hommes, et leur sceptre de fer s’appesantit également et sur le
trône du dernier Inca et sur la grotte délaissée de la dernière mine.
Les Espagnols avaient remplacé sur leur drapeau catholique Vin
hoc signo vinces, du grand Constantin, en VAuri sacra famés,
du poète payen. On persécutait, on se battait, on devenait par-
jure, infâme, traître, perfide pour de l’or. Au seizième siècle,
l’Amérique du Sud était l’Europe d’aujourd’hui. L’amour du gain,
du bien-être, de la satisfaction des sens, avait tué l’amour de
Dieu, l’amour du prochain et l’amour de la patrie.
Les salines et les excavations, d’où l’on retire la houille,
jusqu’aux modestes tourbières, sont devenues, sous les nations
modernes, une branche de revenus publics, plus sûres et moins
dispendieuses que les mines d’or et d’argent qui ont appauvri,
dépeuplé et démoralisé l’Espagne au seizième siècle.
Les mines de la Suède et de la Norwège étaient les aînées et les
modèles de toutes les mines de l’Europe. Ces mines avaient cela
de particulier, qu’elles atteignaient d’immenses profondeurs, et
que, dans leurs innombrables dédales, elles renfermaient des cités
souterraines, sombres et lugubres villes où le soleil ne pénétrait
jamais, et où des populations entières naissaient, vivaient et mou-
raient sans avoir vu passer le char des saisons sur la surface de
la terre, sans savoir comment croissait l’épi qui se balançait sur
leurs têtes; sans voir un nuage de tempête, un rayon de soleil;
sans entendre le chant d’un oiseau, le bêlement d’un troupeau,
le hennissement d’un cheval; et cependant, de ces fourmillières
d’hommes sortirent des soldats intrépides à l’appel de la patrie en
alarmes; car ces hommes, tout séparés du reste de la nation qu’ils