Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.

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passer de l’empereur. Plus d’une fois la confiance de César, dans la haute sagesse et dans le pur patriotisme du laboureur-phi- losophe, fit entrer Columelle dans les conseils du gouvernement et le fit asseoir près du trône impérial au milieu des sénateurs, des proconsuls appelés à Rome, des tribuns militaires et des autres grands fonctionnaires de l’Empire ; Columelle prenait souvent part aux délibérations et entraînait presque toujours à son avis, cons- tamment appuyé de raisons lumineuses, ‘les votes de la majorité de l’assemblée. Le sénat romain, dont les rangs avaient été éclaircis depuis un “siècle et demi parles guerres civiles, les tables de proscriptions et les assassinats de Tibère, réclamait une prompte et puissante orga- nisation : Claude créa deux cent quatre-vingts sénateurs, et dans ce nombre il comprit plus de cent personnages gaulois, tous agri- culteurs. On ne douta point à Rome que cette réforme et cette in- novation politique ne fut l’ouvrage de Columelle et on applaudit à la sagesse de l’empereur, qui ouvrait ainsi la porte du sénat aux étrangers véritablement illustres, comme Auguste avait autrefois décerné les honneurs du Capitole aux dieux des nations soumises. Assailli par la honte et les ignominies domestiques, Claude ne tarda pas à abandonner les rênes de l’Empire à de vils et mépri- sables flatteurs et à d’ignobles affranchis, tandis que Messaline, sa femme, traînait dans d’infâmes repaires ses monstrueux et effroyables amours. Le philosophe Columelle n’avait plus rien à faire au milieu d’une cour dépravée et auprès d’un empereur imbécile... Il quitta Rome, se confina dans sa métairie d’Albano et y attendit la mort avec l’impassibilité du sage et la confiance de l’homme de bien. Les patriotiques efforts de Columelle pour ramener ses conci- toyens à la culture de la terre, furent infructueux ; car les nations pas plus que les fleuves ne remontent vers leurs sources, et la décadence suit de près l’extrême civilisation. Mais lorsque cinq cents ans après, l’Italie épuisée, haletante sous les milliers de barbares qui l’avaient dépouillée de tout, excepté de son soleil, de