Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.

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saint Louis; les six tailles, la création du monde; les six basses de violes, des épisodes de la vie des quatre grands doc- teurs de l’Église, saint Augustin, saint Jérome, saint Grégoire et saint Ambroise. Ces vingt-quatre violons pouvaient durer dix siècles ils n’en ont duré que deux. Relégués, sous le règne de Louis XIV, dans le trésor de Saint-Denis, ils en ont été violemment arrachés en 1793, et les chefs-d’œuvre des Amati ont été rompus, brisés, jetés dans la fange et foulés aux pieds avec l’épée de Dugues- clin et la bannière victorieuse de Jeanne-d’Arc. O peuple aveugle et impitoyable, respecte donc au moins dans tes jours de colère, les arts qui te font nation; mords les couronnes de tes rois, mais fais grâce à l’épée de tes soldats ! ! Antoine Stradivarius, dont les violons sont encore aujour- d’hui recherchés par les grands artistes et par les riches ama- teurs, fut un des derniers élèves des Amati. Aux septième, douzième, treizième et quatorzième siècles, les instruments de musique étaient en fort petit nombre en Europe : le rebec, espèce de violon à trois cordes ; la cornemuse ; le tam- bour — dont la hauteur était de quatre pieds et demi et la cir- conférence de trois ; — la flûte, le hautbois, le serpent, l’ogui- nelle sarrazine (ce que nous appelons un pavillon-chinois), la musette, la tarscerie (espèce de flûte), et quelques autres dont la forme est aujourd’hui restée sans nom. Nos cathédrales avaient, pour accompagner le chant grégo- rien, les orgues et les serpents ; on connaît la puissance de ces orgues, qui semblent posséder dans leur vaste poitrine, toutes les angoisses des réprouvés et toutes les félicités des élus; tous les châtiments et toutes les miséricordes de l’Éternel. Les sons qui s’échappent de ce Briarée musical, comme des ouragans impétueux ou des sylphes légers, vont se tordre, s’enrouler, et s’unir sous les arêtes des voûtes, à la cime des piliers, à la crête des colonnettes dentelées de la nef et du sanctuaire d’oû ils s’en- volent tous pour le ciel avec les nuages d’encens et de fleurs. Le serpent ne sert qu’à soutenir la voix des chantres et à