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ennemi du faste et des cérémonies d’apparat qu’il était, ne crut
pas devoir refuser une ovation offerte sous l’inspiration de l’amour
de la patrie. L’armée trouverait d’ailleurs' dans la pompe et
l’éclat de ce triomphe un encouragement digne d’elle, et les vété-
rans des légions romaines, disséminées dans l’Europe, dans
l’Afrique et dans l’Asie, qui étaient venus à Rome pour s’asso-
cier à ce solennel hommage, iraient redire aux soldats qui com-
battaient contre les Parthes, les Numides, les Germains, les
Celtes et les Bretons, comment le sénat et le peuple savaient ho-
norer les défenseurs de l’Empire dans la personne de l’empereur.
Claude comme un imbécile et un tyran. Sénèque, que l’empereur avait banni
à bon droit, ne l’a pas ménagé davantage. La postérité a dû redresser ou
casser ces jugements empreints de la haine contemporaine. Claude, malgré
les défectuosités de son corps et peut-être la faiblesse de son caractère, se
montra, en plusieurs circonstances, digne de commander à un grand peuple. En
montant sur le ti’ône, son premier soin fut de veiller aux subsistances de Rome,
menacée par la famine, en faisant venir des quantités prodigieuses de blé de la
Sicile et de l’Afrique. La même année, il fait construire de vastes greniers de ré-
serve et rend désormais impossible le retour d’un tléau presque décennal à Rome
avant lui. Claude ne borne pas sa sollicitude impériale à l’Italie, il l’étend à tous
les points de l’empire. Par ses ordres, de nombreux renforts sont envoyés aux
généraux qui commandent en Afrique, et Claude leur écrit eu même temps sur
ses propres tablettes ces mots dignes d’un prince véritablement grand : « Avez-
vous oublié que les aigles romaines ne se reposent qu’après la conquête d’un
royaume? Marchez, combattez, vainquez ! Voici de nouveaux soldats; s’il en faut
un de plus, j’irai moi-même me jeter dans vos rangs et combattre avec vous. »
Ces reproches excitèrent l’émulation des généraux romains, et bientôt cette partie
de l’Afrique fut réduite et divisée en deux provinces romaines : la Tingitane et la
Césarienne. Claude prouva, au surplus, qu’il ne savait pas seulement écrire des
ordres à ses lieutenants, mais qu’il savait agir aussi dans l’occasion : Plantius, à
la tête de trois légions, aborde en Angleterre, et après quelquas combats insi-
gnifiants se cantonne sur les bords de la Tamise, et fait dire à l’empereur qu’il
n’ose pas la franchir. Claude, à cette nouvelle, s’embarque aussitôt avec quelques
cohortes, arrive en Angleterre, prend le commandement de l’armée romaine,
franchit le fleuve avec elle, court à l’ennemi, le bat dans quatorze rencontrés,
lui prend onze places ou villes de guerre, le contraint à se réfugier dans les
vastes forêts du pays de Galles, puis remettant à Plantius le suprême commande-
ment qu’il lui avait emprunté : « Continuez ce que nous avons commence, lui dit
Claude, et apprenez qu’avec des soldats romains on peut tout oser et tout en-
treprendre. M Non, un pareil homme, le prince (jui tient un pareil langage, n’é-
tait pas, ne pouvait pas être un soldat tremblant et poltron. Tacite n’est qu’un
sublime calomniateur.