Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.

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lever tous les trois si matin.—Que vous coûterait-il d’essayer? — C’est cela, rien que mes matériaux et mon temps ! et un billet signé de toi pour me couvrir de mes. avances, n’est-ce pas ? merci ! — Faites-le par charité; faites-le pour celui qui est malade ! — Une charrue pour un malade, la drôle d’idée ! Demandez à l’apo- thicaire de Château-Salins de s’en charger. » Jean-Joseph n’est pas vaniteux. Le refus du charron le désola, mais sans l’offenser : « Je m’entends mal au dessin, me dit-il, il n’aura rien saisi dans tout mon gribouillage. Je ne suis pas du métier, je n’en puis pas parler comme lui ; je me serai trop mal expliqué. C’est égal, j’ai la conviction que mon idée est bonne, et que tu en retireras un grand bien; aussi, dussé-je faire le charron moi-même, je n’y renoncerai pas. Ce qu’un Lorrain veut, il le veut bien, et, sous le rapport de la persévérance et de 1a volonté, je ne connais pas de Lorrain fait pour en remontrer à Jean-Joseph. On entrait en hiver : c’est la saison où il y a moins à faire dans une ferme. Jean-Joseph avait donc un peu de temps à sa disposition. En échange de quelques services rendus dans le voisinage à de petits cultivateurs, comme d’aller battre en grange chez celui-ci pendant les matinées du di- manche, d’aider cet autre dans une corvée, il se procura du bois, un soc demi-vieux, un contre, des débris de ferrures qu’il se pro- posait de rajuster à ses roues. Il trouva à emprunter chez le charron, qui, à tout prendre, n’était pas un méchant homme, une bisaiguë et une herminette ; et il se mit bravement à l’oeuvre. Je vous laisse à penser si les mauvais plaisants se firent un jeu de le tourmenter : te voilà donc passé maître charron, toi, et sans apprentissage; c’est commode. Ah! ça, il paraît que c’est une charrue que tu nous fabriques : une charrue à la vapeur, n’est-ce pas? — On dit qu’elle labourera toute seule. — Et ensuite qu’elle coupera la moisson. — Il y aura sur l’avant-train une meule qui fera de la farine. — Et par derrière un four à cuire. — On n’aura plus qu’à rentrer en grange le pain tout chaud. « Parlait-on d’un mariage douteux : » Ils seront mari et femme quand Jean-