Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.

370/490

(debug: view other mode)

The image contains the following text:

passion du travail à la passion de la prière, et l’amour de Dieu à l’amour du peuple. Dans les siècles plus rapprochés du nôtre, et lorsque le goût de la politesse, des beaux arts et des discours fleuris fut apporté en Europe avec les pierres du Parthénon et les œuvres d’Euripide et de Sophocle, l’établissement des cours d’amour et des aréopages de doctes matrones, de jolies femmes, de hardis chevaliers et de spirituels troubadours, ménestrels, trou- vères, maîtres et bacheliers en gai savoir, n’affaiblit point la reli- gion du travail. Les femmes, au contraire, les plus honorées, les plus aimables et les plus illustres par leur naissance, leur esprit et leurs dignités, mêlaient, aux fleurs de la poésie et de l’élo- quence, aux charmes des doux entretiens et des savantes conver-' sations, aux jeux du cœur et de l’imagination, les nobles attri- butions du travail domestique. Les premières aiguilles à tricoter furent inventées au treizième siècle par une comtesse de Flandres ; le dé fut trouvé par une duchesse de Bourgogne ; et la tapisserie, si lentement ingénieuse de Pénélope, fut ressuscitée, pendant les deux premières croisades et pour faire supporter l’absence des nouveaux Ulysses, par Eléonore de Guienne, femme de Louis Vil, et d’Isabelle de Hainaut, première femme de Philippe-Auguste. Tyr et Sidon furent, dans l’antiquité, les villes où l’on fabriquait les plus belles et les plus riches étoffes. La pourpre de Tyr était la bure des rois, et fut célébrée par tous les poètes, maudite par tous les philosophes. Sidon, et les principales villes de la Phénicie, fournissaient aux heureux de la terre, qui n’étaient ni rois, ni princes, ni ministres, ni généraux d’armées, les tissus tes plus moelleux, les plus fins et des couleurs les plus attrayantes. Les premiers tisserands furent donc vraisemblablement des Phéni- ciens*, car l’histoire ne nous a pas initiés à une civilisation plus ‘ Ce nom ( tisserand ) est commun à plusieurs ouvriers travaillant de la navette, tels que sont ceux qui font les étoffes de laine ou tisserand-drapant. Les autres artisans qui se servent de la navette pour fabri(iuer des étoffes d’or, d’argent, de soie, d’autres étoffes mélangées pour faire des tissus, ne se font point nommer tisserands, mais monteurs ouvriers en drap d’or, d’argent, en soie, ou simple- ment ouvriers de la grande navette.