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même temps, à la congrégation de la Doctrine chrétienne', un ou-
vrage, fruit de trente années d’études et de réflexions, où il dé-
roulait la méthode qu’il avait inventée, et qui n’était autre chose
que l’enseignement mutuel. Le docteur Heurbault fonda, eu 1741,
à l’hôpital de la Pitié, en faveur des enfants trouvés, une écoh'
d’enseignement mutuel, et le bon Rollin, recteur de rUniversité de
Paris, préconisa cette méthode, la j)rotégea, et la fortifia de son
expérience et de l’autorité de son nom ; enfin, le chevalier Paulet
prit le système d’enseignement mutuel encore plus au sérieux,
essaya d’établir plusieurs écoles d’après les vues de Lasalle, de
Rollin et d’Érasme, et reçut de Louis XVI une somme de trente
mille francs pour propager cet enseignement.
\'oilà le système neuf et original que nos glaneurs de progrès
nous rapportèrent des îles britanni([ues, il y a bientôt un demi
siècle.
Ce qu’il y a de plaisant, c’est que l’Institut décerna gravement
et magistralement quelques-uns des prix de vertu, dont il est 1(>
dispensateur, aux importateurs et aux propagateurs de la méthode
lancastrienne. Cet argent, ce nous semble, aurait été beaucoiq}
mieux employé à élever une statue à Érasme dans la cour du
collège de France, ou au bon et charitable Heurbault, dans la cour
de la Pitié. Mais ces deux créateurs de l’enseignement mutuel
n’étaient i)oint Anglais, et il est si beau de distribuer des couronnes
et des médailles aux thuriféraires d’une nation rivale ! Cela donne
un petit air d’impartialité, et le patriotisme est de si mauvais goût
et de si mauvais ton! ! Risum teneatis, amiciH
Le succès obtenu par les importateurs de la méthode lancas-
trienne excita la convoitise des grammairiens de tous les pays, et
1 Les pères de la doctrine chrétienne étaient les rivaux des jésuites pour l’en-
seignement. Les uns et les autres ont fait de brillants élèves : les jésuites ont donné
Corneille et Voltaire à la France; les pères de la doctrine chrétienne, Molière et
Racine. Une secte politique a pris, de nos jours, le nom de doclrinaire, parce (|u*‘
son vénérable chef, M. Royer-Collard, avait fait partie dans sa jeunesse de cette
congrégation savante. Il faut ajouter que cette secte a produit plus dental tpie de
bien.
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