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au milieu des mélaphores ampoulées sur la puissance et les richesses
de notre magnanime alliée, comme disait autrefois M. Thiers;
à la suite d’une apologie cicéronienne de la Grande-Brelagne, de
sa politique, de ses épices, de ses forces maritimes, de ses manu-
factures et de son commerce, dont les bras gigantesques étrei-
gnaient les deux hémisphères, notre savant, parmi un déluge de
choses ingénieuses et utiles que ses yeux, doués d’une perspicacité
peu commune, avaient découvert chez nos voisins nos amis, cita
je ne sais quel engin destiné à la sécurité des bateaux qui par-
courent les divers canaux du territoire, et exprima le désir, en
bon Français, de voir cette pauvre France, qui ne sait rien trouver,
adopter en cette matière le système anglais. Un académicien des
plus vieux et des plus rusés, qui n’avait jamais voyagé en Angle-
terre, et qui s’était borné dans son temps à parcourir la France et
à bien se rendre compte de ses ressources, de ses besoins et de ses
richesses, avait écouté fort attentivement l’épopée semi-politique et
semi-algébrique de son confrère; ce savant monta à la tribune
académique, et prouva, pièces en main, à l’illustre champion du
progrès, que les prétendues améliorations et inventions anglaises
étaient connues en France dcjiuis cent cinquante ans, et (pie l’ingé-
nieur du canal du Languedoc, le savant Riquetti, avait connu, trouvé
et employé le système que l’orateur vantait tout-à-l’heure ; qu’enfin
loin de congratuler l’Angleterre, on devait plutôt la blâmer de
s’emparer de toutes les découvertes de la France, et de profder de
l’ignorance de ses admirateurs pour consacrer ses larcins et per-
pétuer les sottes erreurs du vulgaire. « Messieurs, ajouta en tei-
minant le spirituel académicien, l’Angleterre est un geai et la
France un paon : ce double rôle caractérise notre esprit national
et le sien. Si nous sommes assez forts un jour pour lui reprendre
les plumes qu’elle nous a arrachées, vous serez sur|)ris de sa
laideur et de sa nudité.
La burlesque aventure de l’académicien anglomane pourrait
assez bien s’appliquer à certains chercheurs de méthodes d’ins-
truction élémentaire et populaire. Ces affamés de progrès britan-