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moins honorée que Mars au Capitole et que la gloire et la liberté
de Rome dépendent autant de la richesse et de l’abondance de ses
moissons que de la valeur et de la discipline de ses soldats ^.
Columelle avait prononcé ces paroles avec une mâle assui-ance
mais aussi avec une conviction profonde. Les nombreux courti-
sans, qui entouraient l’empereur, étaient étonnés de ce langage si
empreint de franchise, de noblesse et de vérité. Claude lui-même,
paraissait être sous l’influence d’un sentiment de surprise et d’ad-
miration.
Il regarda ses favoris et se prit à sourire.
Ne dirait-on pas, fit-il, notre vieil Ennius engageant Scipion à
partager les terres de l’Etrurie aux soldats vétérans de son armée?
Puis, avisant l’illustre laboureur, l’empereur ajouta :
Lucius Junius Columelle, vous êtes un vrai Romain et un
digne citoyen, que voulez-vous être ? Qu’elles sont les charges
que vous désirez briguer ? Le tribunal vous convient-il? Je vous y
fais nommer. Voulez-vous entrer au sénat? Dès ce moment je
vous accorde mon patronage. L’édilité a-t-elle des attraits pour
vous? Dites un mot et je vous fais édile.
— Je vous remercie, César, de votre impériale sollicitude,
répartit Columelle, mais je n’ai point d’ambition et le titre de
simple citoyen suffit à mon orgueil; en est-il de plus glorieux!
Assez d’autres, sans moi, parleront aux comices et veilleront à la
sûreté de Rome ; moi, je veux borner mes occupations et mes soins
à la culture de mes champs, à l’amélioration de mes troupeaux, au
bonheur de mes semblables et à l’éducation agricole, et par consé-
quent morale de mes esclaves, qui sont aussi mes semblables....
— Mais Columelle, interrompit Claude, il faut un prix et une
récompense à vos travaux, à vos écrits ; quel prix, quelle récom-
pense voulez-vous ?
’ Le traité de Columelle de re'rmlicâ, se compose de douze livres où toutes les
questions agriculturales se trouvent discutées et approfondies avec un talent re-
marquable et dans un style élégant qui rappelle le beau siècle d’Auguste. Quel-
ques années après la publication de ce traité, Columelle en composa un autre in-
titulé de arboribus. 11 forme le treizième livre de son puissant et précieux ouvrage.