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LES TÉLÉGRAPHES. 133
il en avait fait adopter par le sénat romain les armes, la disci-
pline et les dieux.
César dit, dans ses Commentaires, cju’un événement qui s’était
passé à l’aube du jour à Orléans, était connu en Auvergne à
neuf heures du soir. La pensée de ces peuples que les Romains
appelaient Barbares, avait franchi un espace de plus de quatre-
, vingts lieues en quinze heures, et les lettres de César au Sénat
n’arrivaient à Rome, dans les saisons les plus favorables, qu’en
sept jours et demi ! De quel côté était la barbarie?
Les Romains, depuis cette époque, élevèrent, de distance en
distance sur.les routes magnifiques dont ils sillonnaient les ter-
ritoires conquis, des tours où se tenaient des vedettes chargées
de transmettre lés signaux qu’ils apercevaient. Un bas-relief de
la colonne Trajane vient attester encore, de nos jours, l’extrême
sollicitude des généraux romains pour cet échange important de
communications. Ce bas-relief représente dans tous ses détails
une poste télégraphique romaine, et on y distingue très-bien
non-seulement les soldats qui guettent les signaux de la tour
prochaine, mais encore les poulies et les cordages qui doivent
servir à les reproduire au loin.
On a dit que l’art des signaux avait disparu au moyen-âge ;
c’est une erreur. Les Grecs de Constantinople n’étaient pas gens
à oublier des procédés mécaniques ou vocaux qui pouvaient servir
à la duplicité et à la trahison, aussi bien qu’aux loyales prouesses
des guerriers. Saint Louis, à la prise de Tyr et de Césarée, en
1251, se servit de signaux pour appeler à lui un corps consi-
dérable de Croisés qui opérait sur uu autre point de la Palestine.
Ces signaux consistaient en une croix de satin rouge que l’on
élevait en l’air, de la même façon que les écoliers enlèvent au-
jourd’hui des cerfs-volants, et des cris aigus du fifre, dont chaque
arpège avait une signification connue d’avance ’. Au surplus les
«
‘ Il est reconnu que le jeu du cerf-volant date du douzième siècle, et on sait que
dans les armées croisées, ceux qui faisaient l’office de courriers étaient des servi-
teurs ou serfs des princes qui commandaient les troupes. Ce fut l’emploi de ces