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qui le dirigèrent pendant tout le cours de sa vie. Son père le des-
linait à la carrière des sciences, où le jeune de l’Épée fit des
progrès rapides; mais, à l’àge de dix-sept ans, il se sentit appelé
au ministère des autels; et après avoir obtenu, avec quelque peine,
le consentement de ses parents, il se livra à l’étude de la théologie
avec une ferveur édifiante, mais en même temps avec une grande
indépendance de principes.
« Pensant que ses humbles services aux pieds des autels ne suf-
fisaient pas pour acquitter sa dette envers la société, il s’appliqua
à l’étude des lois, subit toutes les épreuves exigées, et fut reçu
avocat au parlement de Paris; mais il ne resta pas longtemps au
barreau : sa vocation était trop prononcée, et son amour de l’huma-
nité le ramenait sans cesse à l’enseignement des vérités religieuses
et morales. Les vœux les plus ardents de son cœur ne tardèrent
pas à être exaucés : l’évêque de Troyes, neveu du grand Possuel,
prélat aussi distingué par sa vertu que par sa tolérance, accueillit
le jeune de l’Épée, et, après lui avoir conféré les oi-di-es sacrés,
il lui confia un modeste canonicat dans son diocèse. Dans l’evercice
du saint ministère, l’abbé de l’Épée sut alher aux plus austères
principes les vertus les plus douces, et sa vie pastorale fut digne
de celle de Fénélou. C’est vers cette époque qu’à l’âge de vingt-
six ans l’abbé de l’Épée donna un si bel exemple de délicatesse
et d’humilité, en refusant un évêché que le cardinal de Fleury lui
fit offrir en reconnaissance d’un service peisonnel que le père du
jeune abbé avait rendu au prélat.
« Tandis que l’intolérance suscitait mille contrariétés à l’abbé de
l’Épée, cet homme vertueux respectait toutes les croyances. Un
protestant (M. Ulrich) vint de la Suisse pour apprendre à son
école l’art d’instruire les sourds-muets. Il fut accueilli avec bien-
veillance, et bientôt leurs cœurs, dignes l’un de l’autre, se lièrent
d’une étroite amitié. De l’Épée regardait tous les hommes comme
ses fi ères, et sur ses vieux jours il formait des vœux en faveur de
la j-éintégration des Israélites dans la commune société. Cette tolé-
rance, cette universelle fraternité, cet amour du bien, répandaient
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