Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.

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de Paris ressemblait peu au soleil d’Athènes et de Rome. Le shall défendit ainsi les nudités de l’Olympe, des ipjures de notre ciel septentrional. En 1798 et 1799, l’expédition d’Égypte vint apporter à la mode des shalls une effroyable importance. Quelques généraux de l’armée expéditionnaire, profitant du voisinage de l’Inde, en- voyèrent à leurs femmes et à leurs amies, des shalls, si célèbres encore en Orient, de Kachemire. Le général en chef Buonaparte, fut un de ceux, bien entendu, qui adressèrent à leurs compagnes les plus parfaits échantillons de l’industrie hindoue. A partir de ce moment, la maladie, qu’on pourrait appeler la fièvre du cache- mire, prit des proportions considérables; elle grandit sous le Consulat, grandit sous l’Empire, devint gigantesque sous la Res- tauration, colossale sous le gouvernement de Juillet, et est enfin arrivée à l’état de sphinx depuis la Révolution de Février 1848. Toutes les femmes, depuis la grisette jusqu’à la financière; depuis la colonelle jusqu’à la femme du maréchal de France ; depuis l’humble bouchère jusqu’à la plus humble femme du chef de bureau, voulurent avoir un cachemire. C’était le rêve de toutes les nuits, là dispute de toutes les journées, la révolution domestique* de tous les instants. Le cachemire portait dans ses plis, comme la robe de ce consul romain , la paix ou la guerre, et on connaît les armes d’une des parties belligérantes. La rage augmentait toujours et les cachemires ne diminuaient pas de prix. Quelques industriels de Lyon et de Saint-Étienne s’avisèrent alors de créer des cache- mires français — cachemires français, comme on dirait romain français, — et grâce à leur talent d’imitation, à leur insigne habileté, parvinrent à faire surgir une branche d’industrie pro- fitable à la France, et au beau sexe, qui accueillit avec accla- mation ce mirage trompeur jeté à ses désirs effrénés, ce modeste sucre d’orge offert à sa gourmandise à la place d’un pain de sucre de la Martinique. Au premier rang de ces fabricants de cachemires qui acquirent en peu d’années une fortune et une popularité considérables, il