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cristal artificiel qui, grâce au talent, à la précision, au bon
goût (le nos ouvriers, rivalise parfois avec le cristal de roche,
et est susceptible comme lui de recevoir les inspirations hiérogly-
phiques de ramour, de l’amitié, de la reconnaissance. On peut
avoir aujourd’hui, pour un franc vingt-cinq centimes, ce que
Néron et Titus auraient payés six mille francs, et ce que Char-
lemagne, dans le palais des Thermes, n’aurait pas craint d’a-
cheter cent ou deux cents carolus d’or. Le talent ressemble à la
vertu, il se donne, et quand celle-ci reçoit et empoche des ré-
compenses, c’est qu’elle n’existe plus, ou plutôt c’est que la
philantropie, — la vertu des bateleurs, — a usurpé sa place et
volé son nom.
Tandis que Tart du potier ne faisait au moyen-âge, en Europe,
que de lents et incertains progrès, la fabrication de la porcelaine
tlorissait en Chine et au Japon depuis un temps immémorial. Les
soixante-seize tasses et les douze jattes de porcelaine apporlées
à Louis XIV, en 1667, par des missionnaires jésuites qui arri-
vaient de Pékin, furent un événement à la cour et défrayèrent la
conversation de la ville pendant six mois. Le roi, informé des
angoisses de la curiosité publique, ordonna que ces pièces de
porcelaine fussent exposées dans un salon des Tuileries, (d la
foule s’y porta avec frénésie. Des voleurs y allèrent avec la foule,
et dérobèrent six des plus belles tasses qu’on ne put jamais
retrouver. Louis XIV, à qui on fit part de ce malheui-, en lui
demandant s’il ne serait pas à propos de clore l’exposition poui-
sauver ce qui restait des produits chinois, répoudil : «: Que les
larrons me prennent le reste de mes tasses, si cela h'ur convient ;
mais je ne priverai point mon peuple, par une crainte qui n’esl
(jue chimérique, du plaisir d’admiria- ces belles porcelaines;
d’ailleurs ce tribut de l’industrie étrangère lui ajipartient aussi
bien qu’à moi : en France, tout ce qui est au roi est au peuple. »
Louis XIV, par les mains de Colbert, devait jeter plus tard
les fondements d’une industrie où les Chinois du dix-neuvième
siècle nous reconnaissent pour leurs maîtres.