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La civilisation était dans son heure de violence et de brutalité.
Les paroles n’auraient pas suffi pour redresser les vices de l’Eu-
rope; il fallait les coups. Pendant dix ans, les baïonnettes et les
boulets frappèrent, et si rudement que tout en tremble et en
retentit encore. Comme l’enfant mal élevé qui ne comprend pas
que c’est pour son bien qu’on le corrige, ou comme le gangrené
qui se tord sous le scalpel du chirurgien, l’Europe résista, et se
coalisa, et se rua toute entière contre le rude bienfaiteur qui la
faisait souffrir pour la faire vivre. Et il y eut alors ces batailles
inouïes où tous les drapeaux se rencontrèrent, Lutzen, Waterloo,
et tant d’autres, que les Allemands appellent les batailles des
NATIONS.
Et bien! aujourd’hui encore, une bataille des nations a lieu.
Tous les peuples, et non plus seulement de l’Europe, mais du
monde, se trouvent encore une fois en présence, et se disputent
la victoire.—Mais ce sera une victoire pacifique. Ils ne se battront
plus à coups de canon, mais à coups de découvertes. Le combat
ne s’appelle plus Waterloo; il s’appelle l’Exposition universelle
de Londres.
C’est toujours la même question qui se pose en d’autres
termes; c’est toujours la civilisation qui, par une autre route,
mène l’humanité vers le but d’affranchissement, d’émancipation,
de pleine possession de soi-même! Toutes les améliorations, toutes
les inventions, toutes les recherches, toutes les inquiétudes se
prennent corps à corps. C’est encore une fois un immense conflit
de toutes les races ; — mais cette fois le triomphe de l’une n’est
pas le deuil de l’autre. Au contraire, la découverte de la fabrique
particulière sert l’industrie générale, et dans la gloire de chacun
il y a du bien-être pour tous.
La pensée de l’Exposition universelle avait été proposée à
notre gouvernement; mais aussitôt les manufacturiers de la droite,
effrayés d’une telle concurrence, ont circonvenu les ministres et ont
obtenu que le gouvernement refusât. Paris a perdu de ce coup,
d’abord, les cinq cents millions qu’est allée porter à Londres la