Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.

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rations de ces Stentors qui ne demandaient pas mieux que de s’entretenir la voix, et bientôt on vit à chaque coin de rue, à chaque borne, à chaque hec de gaz, ou plutôt à chaque poteau de réverbère, un orateur, vantant la merveilleuse utilité de l’al- lumette chimique allemande, et assaisonnant son éloquence natu- relle, de la combustion instantanée de quelques-uns de ses produits, à la fin de chaque parade. Dès ce jour là, le triomphe de l’allu- mette chimique fut décidé, et la défaite du briquet de fer et du briquet phosphorique fut accomplie. Les amis du progrès, en fait d’allumettes, battirent des mains, les gens qui voient un peu plus loin que leur nez, quelle que soit sa longueur, soupirèrent; et la régie royale, — excusez le mot, mais c’est de l’histoire, et mettre en 1838, la régie républicaine, ce serait ressembler à ce directeur de spectacle, du temps delà Restauration, qui fit repré- senter je ne sais quelle bataille de l’Empire avec des drapeaux blancs, — la régie royale des tabacs se frotta les mains, en pensant que ces philantropiques allumettes allaient nécessairement faire augmenter la consommation des tabacs, ce qui n’a pas manqué, vu la facilité de se procurer du feu. Par malheur, si le chiffre de la vente des tabacs royaux s’éleva, le chiffre des incendies et des accidents dus à la malveillance, — mot d’une lâche indulgence, et qui est, à la justice qui cherche, ce que les déplorables circon- stances atténuantes sont au jury qui condamne, — s’éleva également, et le service des pompiers à Paris, et de la gendar- merie dans les campagnes, s’augmenta, en raison directe de la fabrication des cigares de la Havane et des allumettes chimiques allemandes. Cette dernière fabrication prit un essor considérable, car nos petits industriels ne sont pas hommes à se laisser couper l’herbe sous le pied, et surtout à se laisser primer eu inventions chi- miques, principalement par de grosses intelligences tudesques. On renvoya les chimistes allemands et leurs allumettes d’où ils étaient venus, et le Français né malin, comme disait Boileau, et né chimiste, comme disait Fourcroy, se mit à fabriquer pour son