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point, qui sera vraiment la gloire de la musique moderne, puis-
qu’il a dirigé l’art dans des voies toutes nouvelles.
La réforme religieuse contribua à populariser la musique en
France. Luther et Calvin aimaient passionnément la musique et
chantaient eux-mêmes avec beaucoup de goût. Le premier de ces
réformateurs avait coutume de dire : Je ne considère pas comme
un instituteur celui qui ne sait pas chanter. Parole profonde,
leçon admirable que les réformateurs politiques n’ont pas laissé
perdre, et qu’ils mettent si bien à profit depuis soixante ans. —
Luther, dans sa lithurgie, remplaça les chants en latin par des
chorals en langue vulgaire, afin qu’ils fussent compris et chantés
par le peuple. Ces chorals étaient, en grande partie, d’anciennes
mélodies du culte catholique ; quelques-uns avaient été spéciale-
ment composés par le grand réformateur.
Calvin, à Genève, prit grand soin aussi de faire mettre les
psaumes en musique et il confia ce travail aux plus célèbres musi-
ciens de l’Europe. L’attrait de ces psaumes notés et scandés,
était si puissant que protestants et catholiques les adoptèrent.
Chanter des psaumes traduits en vers français paf Marot et de
Beze, et mis en musique par Gondimel et Orlando de Lassue, fut
bientôt une affaire de mode, beaucoup plus qu’une récréation de
piété. C’est ainsi qu’au Pré aux Clercs, en 1558, par un beau
soir d’été, des étudiants de l’Université de Paris, chantèrent des
psaumes sur de fort beaux airs. Le lendemain, le chœur ayant
en tête le roi de Navarre, — à l’instigation duquel l’essai de la
veille avait sans doute été fait, — et quelques gentilshommes
français et étrangers, fit plusieurs fois le tour de la promenade.
Ces réunions de chant continuèrent les jours suivants à la grande
satisfaction des désœuvrés et des badauds \
‘ Nous avons vu sous la Restauration des rendez-vous semblables à ceux-ci, et
qui, sous l’apparence futile d’un honnête délassement, cachaient un but politique.
Ces réunions, au dix-neuvième siècle, s’appelaient goguettes, et se tenaient dans
des cafés ou dans des cabarets très-connus et très-achalandés. Comme l’esprit du
dix-neuvième siècle n’était pas l’esprit du seizième, on ne chantait dans ces réu-