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(laienl plus ni la tactique, ni la vigueur individuelle et collective,
ni la discipline, ce gage presqu’assuré de la victoire, des troupes
invincibles de Pompée, de César, de Titus et de Trajan. L’empire
romain tomba donc avec sa dernière armée; mais l’empire d’OrieiK
se débattit encore longtemps, et opposa une assez longue résistance
pour donner le temps aux barbares, campés en Europe, de se fa-
miliariser avec le luxe et le faste militaire et civil de ceux qu’ils
étaient venus combattre, et qu’ils avaient faits esclaves.
Mais ces Gètes, ces Gépides, ces Avares, toutes ces races gros-
sières de la nation Gothique, étaient, comme tous les barbares et
tous les hommes mûris trop vite au soleil de la victoire et de la
liberté, fort amoureux des magnifiques vêtements et des marque^
distinctives du commandement et de la souveraineté. La splendide
tenue des empereurs, des consuls, des patrices, des généraux qu’ils
avaient battus ou faits prisonniers, leur donnaient d’étranges ten-
tations de s’habiller comme eux, et de rayonner sur le inonde^
comme ces astres dont ils avaient fait pâlir la fortune et l’éclat.
Ces Goths succombèrent enfin à la tenlation, et leui's chefs, dé-
corés du titre de rois, emmaillotés de la pourpre, coiffés de cou-
ronnes qu’ils forgèrent d’abord en fer, (ju’ils fondirent plus tard en
or, devinrent bientôt aussi esclaves du cérémonial, aussi passion-
nés pour la parure royale, aussi avides de hochets superbes
que les empereurs de Constantinople. Cette folie sauva l’industrie,
le commerce du monde ; et en même temps que les' admirables pro-
duits tissuaires de l’Asie et de l’Afrique, un moment ébranlés, se
relevaient plus beaux que jamais, les nombreux ouvriers, que
cette magnifique industrie faisait vivre dans les deux parties du
‘ Nous voyons aujourd’hui les nègres d’Haïti faire tout justement ce qu’ont fait
les Goths. Après avoir voulu la liberté, et avoir arrosé de sang les pieds de la
divinité qui n’était en réalité qu’une abominable licence, ils se sont donné un
empereur, et aujourd’hui cet empereur et ses grands dignitaires renchérissent sur
toutes les niaiseries, sur toutes les vanités, sur toutes les folies honorifiques des
plus vieux gouvernements de l’Europe. Ce n’est pas tout de se proclamer citoyen,
il faut avoir l’esprit de l’être, et conserver ce titre précieux quand on le tient.
. Ah! pauvres nègres, les classificateurs d’histoire naturelle ont-ils raison?
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