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successeurs de Constanliu le Grand, dans la boue séditieuse dos
légions déshonorées, dans les clameurs d’un peuple insolent et
perfide, dans les anathèmes du schisme et de l’hérésie, dans le
tumulte lointain mais perceptible de l’arrivée des barbares, qui
poursuivaient l’ombre de Rome, au-delà du Tibre asservi et des
Alpes captives.
Il appartenait à la papauté, qui a sauvé tant de chefs-d’œuvre
de Tart grec et romain, qui a réveillé tant de glorieux souvenirs,
de ressusciter la musique. Le pape Grégoire le Grand eut cet
immortel honneur. Par ses soins, et presque sous ses yeux, on
publia un recueil de chants qui furent adoptés par toute l’église
latine et qu’on appela plain-chant ou chant grégorien. Ces chants,
d’une naïveté touchante, d’une mélodie inimitable et qui respi-
raient l’onction religieuse, la confiance en Dieu, la foi dans son
angélique simplicité, avaient été recueillis par le savant pontife
lui-même, dans les monastères, refuges ordinaires au septième
siècle d’hommes essentiellement vertueux, non à la manière du
Portique, mais à la manière de l’Évangile, qui consacraient leur
temps à cultiver la terre et à chanter les louanges du Seigneur.
En publiant son antiphonàire, dit un écrivain plein de goût et
d’érudition, le pontife romain l’avait donné dans un système de
notation qui avait au moins le mérite de la clarté. On ne s’en
contenta pas, et l’on imagina divers moyens de représenter les
sons qui embrouillèrent fort cette partie de la science et rendaient
la lecture de la musique d’une excessive difficulté. Divers essais
produisirent enfin l’invention de la portée, et cette admirable
découverte, à laquelle nous croyons difficile de jamais rien substi-
tuer d’avantageux, devint le fondement du système de notation
aujourd’hui en usage. On a cru longtemps que cette utile décou-
verte était due au savant religieux Guido d’Arezzo. C’est une
erreur, mais les travaux si nombreux et si remarquablement
beaux de Guido d’Arezzo lui ont valu cet honneur insigne, qu’on
lui a attribué, dans les siècles suivants, toutes les inventions dont
on ignorait les véritables auteurs, sans en exempter le contre-^