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assassin, l’honneur, la gloire et la liberté de la patrie. Dieu nous
préserve des télégraphes-omnibus et du télégraphe de nuit !
Dans les temps calmes, sous l’autorité d’un gouvernement
régulier, le télégraphe est appelé à rendre d’immenses services.
L’âme, l’unité de la puissance publique, se révèlent pour ainsi
dire, grâce à lui, sur les points les plus éloignés du territoire.
Avec lui, dans les temps de guerre, on peut relever l’esprit
public, improviser en une heure des bataillons, organiser la
victoire. Mais à une époque de déchirements, d’incertitudes
politiques, de factions menaçantes, osons dire la vérité, le télé-
graphe est inutile, s’il n’est pas un embarras.
« La télégraphie, a dit M. Denys, est de tous les ressorts employés
par le gouvernement, l’un des plus puissants comme il en est le
plus rapide. C’est aujourd’hui la sécurité de l’État, sa force admi-
nistrative... selon nous, et même quand on y regarde bien, le
télégraphe se trouve être, dans l’organisation sociale, l’expression
la plus active du génie de la civilisation. »
D’accord; mais l’honorable M. Denys pensait-il, en écrivant
ces lignes, à l’extrême difficulté des temps où nous vivons? pen-
sait-il à ces brigands, gladiateurs stipendiés de tous les partis.
Janissaires ou Strelitz à la solde de l’étranger, qui préludent
d’ordinaire au pillage et à l’incendie des monuments publics de
nos villes, parla destruction des télégraphes? N’a-t-il pas com-
pris, l’histoire à la main, que l’extrême civilisation touche de
bien près à l’extrême barbarie, et que longtemps avant d’être
vaincus par les Suèvea, les Francs, les.Gépides et les Germains,
sur le champ de bataille, l’empire romain l’avait été dans le Forum
par les soldats prétoriens et la populace de Constantinople. Les
inventions, même les plus sublimes, ne sauvent pas les nations;
Archimède, malgré son génie, ne parvint pas à garantir Syracuse
d’une sanglante prise d’assaut, et les télégraphes, quoique portant
en eux le germe de la civilisation, ne retarderont pas la décadence
delà France, si l’heure marquée par les immuables décrets de la
Providence vient à sonner.